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- Mais tu es intelligente, tu devrais comprendre!
Bonjour, bonsoir,
Je suis nouvelle sur ce forum et ...
J'ai 37 ans et été diagnostiquée HPI / TSA il y a maintenant 3 ans. J'ai toujours aimé la solitude, toujours eu peu d'amis et j'ai même créé mon propre job pour éviter les contacts sociaux, sons et lumières envahissants. Le contact physique m'insupporte la plupart du temps, les conversations banales me fatiguent et les évènements sociaux sont un cauchemar. Même si mon entourage est restreint, le manque de compréhension de mes proches me pèse. Ils soulignent mes réussites, mes capacités intellectuelles, mon confort de vie ... ils ont raison sur un point, je ne suis vraiment pas à plaindre mais ... ne comprennent pas que je puisse être épuisée à 20 heures, que faire la bise est une épreuve pour moi, qu'aller boire un verre dans un bar ne m'emballe pas, qu'organiser un déjeuner avec toute la famille éloignée ne me fait pas sauter de joie ... et cela se termine souvent par cette remarque : tu es tellement intelligente, tu devrais comprendre ! Mais comprendre quoi? Que parce que mon QI est plus élevé que la moyenne je dois passer mon temps à supporter en attendant gentiment le moment où je pourrai enfin retourner de mon coin? J'ai bien sûr essayé avec le temps de leur expliquer, de partager des documents sur l'autisme mais rien, j'en viens à me dire qu'on ne me croit pas. Ressentez vous aussi un décalage entre l'image que vous reflètez à l'extérieur et ce que vous ressentez à l'intérieur ? Des techniques pour rendre l'entourage un peu plus réceptif ? Merci :)
bienvenue @Di-vagando
des techniques pour rendre autrui plus receptif à l'autre ? et quelle energie mettre à cela, surtout quand l'energie est comptée avec tant de petites choses quotidiennes energivores ?
dans toute interaction humaine, il y'a toujours la part de l'autre, et si l'autre est dans l'impossibilité de la rencontre, on pourra se tuer à la tâche, la rencontre restera impossible... Rencontrer l'autre, c'est accepter l'inconnu, l'incertitude, le non-savoir (et le non-contrôle!) , c'est prendre un risque, c'est accepter que la réalité perçue n'est que notre rapport d'être au monde, et que celui qui est en face de nous a son propre rapport au monde et donc sa propre réalité... La rencontre et la compréhension qui pourrait s'en suivre commence par cela, et c'est aussi à mon sens la base, les conditions minimum au respect....
Alors bien sur, on peut chercher des outils pédagogiques pour expliquer, partager... on peut se butter contre le mur de l'incompréhension, et l'absence de lien authentique, celui qui consiste à regarder et reconnaître l'existence de l'autre puis à partager nos mondes, on peut y mettre beaucoup d'energie, mais "le résultat" ne t'appartient pas...et le deuil est douloureux...
Dans mon histoire personnelle, j'ai lutté pendant des années (non pas pour une reconnaissance de traits autistiques, mais pour mon hypersensibilité t hypersensorialité), puis j'ai abandonné la lutte pendant des décennies, et il y'a quelques années, j'ai eu une simple phrase, à mon père, qui a du faire "choc" pour lui, il m'aura donc fallu attendre presque 50 ans, pour qu'il ne stigmatise plus mon rapport au monde, qu'il ne traite plus ma sensibilité et mon humanisme comme des défaillances, insuffisances, et "défauts à corriger" ...il menait sa guerre seul contre moi depuis longtemps, et la guerre a cessé en un instant.. il y'a parfois des miracles mais nous n'y sommes pas pour grand chose...
@Di-vagando bonjour et bienvenue ...
Sans étiquette je me reconnais malgré tout ... sauf que de mon côté sauf au lieu de me valoriser mon entourage m'a " écrasée" ... J'ai choisi l'isolement ... l'isolement par rapport à ce qui me blesse et me nuis le temps d'être suffisamment en mesure de ne plus attendre d'eux une acceptation de qui je suis ou plutôt m'accepter comme je suis . Je suis dans la phase où j'essaie encore de leur expliquer , (après celle de la soumission ),une chose est sure je ne culpabilise plus d'être moi ...
Mais ce n'est pas simple et parfois douloureux .
Je ne retiens que les liens de confiance et de coeur à coeur. Pour les autres je ne cherche plus à justifier quoi que ce soit. Je fais au mieux en donnant l'information juste nécessaire.
La vie est beaucoup plus simple ainsi 😄
Zen....pour l'intelligence...😉
citation :
"« L'intelligence, c'est la chose la mieux répartie chez l'homme, parce que, quoiqu'il en soit pourvu, il estime toujours en avoir assez vu que c'est avec ça qu'il juge »
Coluche.
Quand ton entourage t'aime, il est réceptif au dialogue et à l'écoute active et AUX BESOINS de chacuns :).
Si ça pouvait être toujors comme cela 😀 , hélas, le monde est très divers...
Personnellement, j'ai arrêté de m'époumoner, de me démener, d'argumenter, d'expliquer jusqu'à plus soif. J'y ai perdu tellement d'énergie pour rien. Quand ce que tu dis, c'est comme si tu ne l'avais pas dit (blocage cognitif sur ce qui ne plaît pas), ou comme si on voulait ne pas tenir compte de qui tu es car on veut absolument te changer (au fond, c'est ça), et bien, je crois qu'il n'y a rien à faire. La meilleure technique, c'est l'éducation. Tu le dis une fois, et même si ça ne sert à rien, tu te tiens à tes actes (tu as dit non - gentiment - et tu n'y vas pas). Le fait que tu hésites ou qu'ils arrivent à te convaincre malgré toi (pour leur faire plaisir à eux, pas à toi) leur donne envie de persister. Il faut rompre ce schéma en fait.
Contexte : je vis sous le même toit que mes parents. Depuis l'école primaire, mon père m'a poussé à me montrer "sociable", à "me faire des amis"... persuadé que je souffrais de la solitude alors que ça n'a jamais été le cas, je me sens bien mieux seul qu'en compagnie. Au point de m'imposer des exercices humiliants, parfois limite traumatisants, relatifs à l'interaction -- parfois physique -- avec des inconnus. Au point aussi de m'engueuler après certaines de ces interactions parce que je n'ai pas été assez souriant et de ne pas passer à autre chose de la journée, persuadé également que mon expression faciale est perçue comme une agression par mes interlocuteurs. J'ai pourtant essayé plusieurs fois de lui expliquer, sans grande force de conviction il est vrai, puisque trop d'engagement visible dans le discours l'y aurait aussitôt rendu hostile... J'en suis venu à me demander si la première, et pour l'instant dernière, véritable relation amicale que j'ai établie, au lycée -- encore une fois sans en avoir ressenti le besoin auparavant, malgré les relations ultra-superficielles pour pouvoir dire à mon père que je discutais avec d'autres élèves pendant les récréations --, est réellement de mon fait ou de celui d'une intériorisation de cette volonté de sociabiliser que j'ai presque fini par croire la mienne. Donc je pense que je comprends totalement ce que tu vis sur ce plan. (Et oui, j'ai égoïstement profité de ton sujet pour une auto-micropsychanalyse.)
"réellement de mon fait ou de celui d'une intériorisation de cette volonté de sociabiliser que j'ai presque fini par croire la mienne."
C'est un peu les deux, je crois.
Ce n'est pas parce qu'on préfère la solitude qu'on peut se passer des autres, même si c'est pour donner une image. C'est intérioriser, oui mais c'est pour ton père, pour pas qu'il s'inquiête, et ça c'est toi.
On ne peut pas se passer de prendre en compte le relationel. Le social fait parti de la vie.
Les rôles sociaux sont variés. Ça peut être un jeu.
Le piège étant de tomber dans le faux-self, quand tu crois que tel rôle est vraiment toi.
D'où l'importance de la solitude pour se recentrer. Mais ça tu connais apparemment. 😉
Merci pour cette réponse, @paradox
citation :
Ce n'est pas parce qu'on préfère la solitude qu'on peut se passer des autrescitation :
On ne peut pas se passer de prendre en compte le relationel. Le social fait parti de la vie.
Mon avis apparaîtra sans doute extrême, mais je crois -- toujours en me basant sur mon expérience personnelle -- que oui, "on peut se passer des autres" (sans aucun mépris ou condescendance vis-à-vis des "autres" pour autant, même si cette formule laisse entendre le contraire). Je ne pense pas qu'il existe d'élément comportemental constitutif/intrinsèque à la vie, même quelque chose qui paraît aussi évident que les relations avec autrui. C'est simplement quelque chose qu'on fait très souvent. (Et pour ce qui est du faux-self, je l'ai déjà expérimenté il y a quelques années et je pense honnêtement en être sorti à présent.)
Maintenant on peut en débattre ouvertement, il n'y a pas d'enjeu personnel pour moi puisque je n'éprouve toujours aucun "manque relationnel".
Un type a voulu faire une expérience. Se préparer un sandwich, tout seul, sans l'aide ou l'assistance de personne.
Il a fait pousser lui-même ses ingrédients (l'histoire ne dit pas la recette). Ça lui a pris six mois.
Puis il a réalisé que pour son travail, il a utilisé du matériel déjà fait. Alors il est reparti de zéro, à commencer par forger ses propres outils (les forger où et dans quoi on ne sait pas, un four chauffant le minéral de fer ça n'est pas un four solaire bricolé au fond du jardin). Ça lui a pris deux ans.
La solitude totale, à long terme, débouche invariablement sur la folie. Les ermites et autres aspirants de plusieurs formes de religions ou de spiritualités, à différentes époques, l'ont bien expérimenté. Soit ils revenaient très vite, soit ils revenaient après longtemps, mais fous. Soit ils arrivaient à "se connecter", mais inutile de dire que c'était une très fort minorité.
@Uneconscience Je comprends mais on y est confronté. Je ne parle pas d'un manque, ça c'est selon chacun.
Même si tu bouges pas de chez toi, tu es poli avec le livreur de pizza... c'est pour donner une image.
Non ?
@Malkav_ATW La solitude totale a de grande de rendre fou, oui.
Les artistes s'en sortent mieux que les mystiques, à ce niveau là. La création, ça aide.
Se construire un monde à soi et le montrer de façon poétique est plus efficace que de croire avoir tout compris et en faire une vérité.
@paradox, mea culpa... J'avais mal interpété ta pensée. En effet, on est (pratiquement) tous astreints aux interactions sociales, qu'on les subisse ou qu'on en jouisse.
@Malkav_ATW, si on définit ainsi la solitude, pour l'atteindre réellement il faudrait aller tout nu dans le vide interstellaire de sorte à ne connaître aucune interférence issue directement ou indirectement de ses semblables... donc, ou plus simplement, mourir. Je parlais plutôt d'une solitude purement relationnelle, qui n'implique pas d'être isolé matériellement du reste du monde.
On en revient à cette différence fondamentale : la solitude vs l'isolement.
La solitude est un besoin, un choix, par moment pour certains ou être un ours accompli, épanoui.
L'isolement est subi, mal vécu...
Il me parait pertinent de faire la distinction quand on parle d'être seul : aimer être seul ou se sentir éseulé.
J'adore et parfois je me complais dans ma solitude. Mais le sourire de la boulangère une fois par semaine me fait du bien (elle est rigolote).
Si 90% des conversations sont sans intérêt en tant que telles (c'en est parfois tellement, ... mais tellement affligeant !), je ne peux me passer des regards, des sourires, des complicités tacites, d'un mot gentil, d'un simple bonjour, se reconnaître mutuellement en tant qu'humain. Un hochement de tête naturel d'un inconnu peut faire chaud au coeur.
Si je bloque @Uneconscience, c'est que tu me fais penser à un de mes frères à ton âge (si 17 ans est bien ton âge). J'en avais cinq de moins.
Et encore maintenant (44 ans plus tard), je n'arrive pas à savoir s'il est solitaire ou isolé, s'il vit bien son repli.
Il m'est arrivé de mieux connaître, mieux comprendre mes frères et soeurs en parlant avec leurs amis, compagnes ou compagnons. Mais ce frère n'en a pas. Et il ne parle pas de lui.
Je n'ai jamais su s'il fallait que je me réjouisse de la bulle imprenable qu'il s'est construite ou si je devais m'en attristé.
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