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Confidences sur le Syndrome de stress post traumatique, témoignage hard core

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Confidences sur le Syndrome de stress post traumatique, témoignage hard core
Nocommentle 02 décembre 2019 à 20:39

Bonjour à tous, je voudrais vous parler du SSPT, au titre de mon expérience personnelle suite au cancer de mon fils Leo et de son décès. La colère et la culpabilité omniprésentes, comme seules émotions avec la tristesse, peuvent decompenser en épisode dit de syndrome de persécution. Ce que j'ai vécu récemment. Souffrir avec mon fils, Leo âge de 3 ans pendant un an, quitte à renier toutes mes émotions pour lui faire vivre, quand c'est possible, les meilleurs moments que l'on puisse lui offrir, renier ma propre sensibilité pour donner tout mon amour malgré l'horreur du quotidien, pouvez vous imaginer ? Pouvez vous imaginer que les médecins nous ont annoncés trois fois sa mort, et quand ce fut le cas effectivement, continuer à sourire et à rire pour que mon fils ne se rende compte de rien. Pouvez vous imaginer que deux ans après, les dégâts puissent être encore d'actualite ? Savez vous que j'ai des flash backs horribles au moins 4 fois par jour, des cauchemars qui me torturent encore ? Que je suis persuadée d'etre une mauvaise mère et que mes proches sont obligés de me rappeler très souvent tout ce que j'ai fait pour lui ? Que pensez vous que cela fasse de vivre dans un cauchemars toujours aussi réel ? Savez vous que l'on me dit de passer à autre chose parce que ça fait deux ans ! Savez vous qu'un SSPT n'est pas le fruit de la volonté ? Savez vous que je me bats tous les jours pour m'apporter un peu de joie, et donner de la légèreté quand je peux, et essayer de lutter contre ces pensées intrusives pour qu'elles ne me rongent pas jusqu'à la moelle ?
Connaissez vous les réactions des gens que je rencontre ? Je suis à fuir a priori. Une folle hp digne de l'hp, certainement pas digne d'amour. Ici, on parle d'hypersensibilite, de compassion. Imaginez donc une seule seconde de naître ainsi hypersensible et hyper empathique et de vivre cela. Imaginez mon fils, qui l'etait aussi sans doute, subir tous les traitements les plus hard et rester moi même impuissante devant sa souffrance. Imaginez le prendre dans mes bras a l'article de la mort, le voir mourir lentement, puis assister tout court à son asphyxie. Imaginez l'horreur. Comment s'en sortir ? Y a t'il ici d'autres personnes ayant un SSPT qui s'en seraient sorties ? Car je ne m'en sors pas du tout malgré les médocs. Je fais bonne figure quand j'en suis capable, mais le masque n'est qu'une réalité cachée.

emanule 02 décembre 2019 à 20:45  •   26859

Non,je ne crois pas que je puisse imaginer
Mais je suis persuadé que tu as été la bonne mère qu'il fallait pour ton fils.
Tout l'amour et le désespoir de ton message en témoigne.
N'écoute pas les gens qui te juge.
Tu as vécus un drame,et le mot est faible.
Peu de gens peuvent se mettre a ta place je pense.
Mais sois forte,pour toi et pour la mémoire de ton fils.
Et pour tes proches qui restent.

Nocommentle 02 décembre 2019 à 20:51  •   26862

@emanu, merci pour la douceur de ton message, ta compassion et tes encouragements. Je ne baisse pas les bras. Par contre, j'espère avoir ici peut être des solutions efficaces en dehors des médocs, quelque chose qui puisse m'aider à m'en sortir sur le long terme. Mon SSPT est devenu chronique.

emanule 02 décembre 2019 à 21:04  •   26865

De rien,mais la je crois bien que je ne pourrai pas t'aider plus.
Si ce n'est te conseiller de te remplir l'esprit en faisant du sport,de la musique,des rencontres?
On te l'a peut être déjà conseillé je suppose!

Chiarale 02 décembre 2019 à 21:13  •   26867

Bonsoir, connais-tu l'EMDR (eye movement desensitization and reprocessing )? C'est justement pratiqué en psychothérapie depuis une trentaine d'années dans les cas de SSPT. Je vais moi-même tester cela dans quelques jours mais pour un trauma de bien moins grande ampleur que celui que tu as vécu.

Nocommentle 02 décembre 2019 à 21:14  •   26868

Bah tiens, emanu on pourrait se rencontrer si t'es dans le coin ? Sinon, oui je m'occupe avec l'art, le tai Chi, la piscine... mais hélas, on ne peut être actif tout le temps

Nocommentle 02 décembre 2019 à 21:16  •   26869

@chiara, le fais tu dans le public ? Sinon, ça coûte combien ? Car je ne suis plus vraiment très riche ces derniers temps...

Tangle 02 décembre 2019 à 21:32  •   26875

Bonsoir,

Il y a aussi l'hypnose. En tout cas l'EMDR et l'hypnose sont des thérapies brèves donc tu peux normalement progresser assez rapidement.

Bettyle 02 décembre 2019 à 21:34  •   26877

Bonsoir, je suis très touchée par ton témoignage et bien sûr que non, je ne peux pas me mettre à ta place .
Je pense que l'une des manières d'aller un peu mieux est de partager ce que tu vis intérieurement, psychiquement, de pouvoir l'exprimer . La parole libère .
Je pense aussi a l'hypnose pour toi, pour avancer dans les étapes du deuil.
Je comprends ton envie d'aller mieux plus vite, mais ta « guérison » ira à un rythme que tu ne peux maîtriser .

Tangle 02 décembre 2019 à 21:42  •   26880

Ah oui il y a aussi la méthode TRE, particulièrement indiquée pour les SPT.

http://www.mieux-etre.org/La-methode-TRE-Tension-and-Trauma.html

voir la vidéo

Carolle 02 décembre 2019 à 21:48  •   26883

Je crois@Nocomment que @Betty a raison Il est important de bien vivre pleinement la tristesse et l'exprimer sans la fuir, cela fait partie du deuil. Le meilleur moyen de résoudre un grave trauma est de prendre le temps de guérir étape par étape, sans aucun refoulement ( donc se changer les idées c'est utile mais ce n'est pas un moyen thérapeutique), avec beaucoup de compassion pour soi-même.

Je confirme pour l'hypnose et l'EMDR. Plutôt l'hypnose pour se reconnecter doucement aux émotions de façon sécurisée( avec l'accompagnement du thérapeuthe) et puis l'EMDR pour lancer des nouveaux circuits neuronaux.

Je comprends ta souffrance, ça doit être terrible, et tu as bien le droit d'être triste.

J'insiste sur ce point car c'est le refoulement de la tristesse qui provoque des crises d'angoisse.

Berengerele 02 décembre 2019 à 21:54  •   26885

Je ne peux ni savoir ni imaginer comme personne ne peut imaginer ce que j'ai enduré de mon côté. Je ne peux compatir et essayer de comprendre par contre. Je suis persuadée que tu as fait ce que tu as pu pour ton enfant et que tu fais ce que tu peux pour toi même. Tu n'es certainement pas à fuir. Mais on ne peut forcer les autres à entrer en relation s'ils n'en ressentent pas l'envie. Dans les périodes difficiles, j'ai toujours vu certains s'éloigner et d'autres rester. Je ne pense pas que ce soit nécessairement dû à mon vécu. J'ai été dans l'acceptation de tout cela. La reconstruction passe souvent par le suivi thérapeutique à long terme et l'introspection. Les autres ne nous sauvent pas. C'est bien de t'occuper, de penser à toi et d'aller au coeur de tes propres besoins. Courage !

Nocommentle 03 décembre 2019 à 11:13  •   26957

A tous, merci de vos réponses. Je prends note des différentes méthodes, je pense que la méthode EDMR est en effet la plus adaptée pour le moment. J'irai voir au CHU si c'est possible au service victimologie. Je vous souhaite une bonne journée !

zebreperdule 03 décembre 2019 à 21:47  •   27042

Bonsoir Marie,
Te lire m'a pétrifié de douleur, et j'ai beaucoup pleuré.
Voir partir sa propre chaire aprés tant de souffrance est une profonde injustice. Je te l'ai déjà ecrit, tu es une personne admirable. Et je t'assure que je t'admire!
Pour rien au monde, aucun d'entre nous ne voudrait vivre ce que tu as vecu. Aussi froid et anecdotique que cela pourra te sembler, je veux te dire que toi, tu es vivante. Tu dois vivre pour toi avant tout. Et tant que tu vivras, ton petit Leo vivra aussi. Dans la culture mexicaine, les morts sont fêtés. Non pas pour le plaisir, mais parceque pour eux, un disparu vivra dans un monde merveilleux tant que quelqu'un pensera à lui.
J'adore cette croyance...
As-tu essayé de contacter l'UDAF ( union d'aide aux familles) de ta region. Ils organisent des groupes de parole pour les familles endeuillées.
Pour ce qui est de l'EMDR, ça marche vraiment bien... Mais y'a pas de miracle! Ça va peut-etre etre encore long...
Je te vois comme une femme tres forte, alors ne baisse pas les bras.
Pour finir, je veux te dire que tu n'as aucun regret à avoir. Tu aimes ton fils et il le sait!
Tu as certainement fait tout ce qui etait humainement possible de faire. Ce qui est arrivé est arrivé! Il n'y a pas de dieu qui aurait pu empecher cela. C'est arrivé, point! Toujours est-il que ce n'est pas de ta faute, tu n'es ni coupable, ni responsable.
Voilà, je t'envoie tout mon amour de papa qui compatis sincerement à ta douleur 🙂

Nocommentle 04 décembre 2019 à 06:43  •   27065

@zebreperdu ce que ton message m'a fait du bien ce matin. D'autres m'ecrivent aussi. Et commencer une journée par des attentions positives et sympathiques, ça fait plaisir. Ta compassion me touche et pour l'edmr, j'imagine bien que ça risque d'etre long. On verra bien. Peut être cela fonctionnera quand même rapidement, qui sait ? En tout cas, je suis contente de tous ces écrits et soutiens publics ou privés. Même si mes journées ne sont pas très lumineuses pour l'instant, vos messages apportent un peu de chaleur. Merci zebreperdu pour ta gentillesse et tes mots rassurants. C'est une lumière à travers le tunnel. Une excellente journée à toi.

zebreperdule 04 décembre 2019 à 07:22  •   27068

🙂 trés belle journée à toi et aux tiens.

catiminile 17 décembre 2019 à 00:24  •   29026

Toujours il y aura un avant et un après. Ta vie a basculé et tu n'es plus la même. Un jour tu te reconstruiras. Les cauchemars vont s'espacer, les flash-back aussi. Tu fuiras sans doute tout ce qui a trait à la souffrance physique et psychique même si tu ne peux l'éviter et tes choix de vie seront différents. Pour l'instant toute cette reconstruction est impossible. Que tes proches le comprennent ou non c'est ainsi. Il faut parler, parler, raconter l'indicible, l'horreur, les détails sordides et si c'est impossible parle devant ta table de cuisine ou écris. Il faut que tu exorcises tout cela. Tu t'épuiseras à te confronter à tous ces souvenirs horribles mais au fil des mois tu iras un peu mieux. Si possible fais toi aidée. J'ai vu un psy un jour qui m'a dit : vous faites un syndrome post-traumatique, le temps fera son oeuvre. J'aurais dû partir en claquant la porte. Le temps fait partiellement son oeuvre mais la personnalité change. On ne peut sortir intact de l'horreur. Mais l'humain a, c'est vrai, une capacité de résilience extraordinaire.

Quand tu iras un tout petit mieux, on reparlera de ce futur qui te semble bouché. N'hésite pas pour l'instant à être très égoïste et même si tu pompes tout le monde avec tes redites, n'écoute personne. On ne critique pas quelqu'un qui prend de la morphine pour un cancer. On ne critique pas un traumatisé qui parle, s'épanche et pleure. Tu n'en es pas au stade de prendre sur toi. Convalescente tu le seras longtemps. Cependant, cesse de te flageller. Tu as été une excellente mère. Tu ne peux pas porter ton chagrin et de la culpabilité. C'est trop lourd.


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