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Bipolaire aux urgences ordinaires

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Bipolaire aux urgences ordinaires
MAReadle 09 février 2023 à 00:05

À la suite de deux semaines d'anxiété à haut niveau, j'ai fait un épisode de tachycardie extrême à 195 bpm lié à ma maladie de Bouveret !

Les urgentistes sont venus chez moi et m'ont injecté sous perf avec des médicaments spécifiques. Comme ça n'abaissait pas mon rythme cardiaque de manière significative, ils ont essayé un autre puis en vain ont appelé les pompiers pour m'emmener aux urgences. Il était 17h30.

Arrivée là-bas, interrogatoire, déshabillage, déplacement sur brancard 3 fois, chaises musicales, des patients partout dans les couloirs, une dizaine de soignants devant leurs ordis, placée dans un box, prise de sang, et injections des mêmes produits à nouveau. 19h30

Laissée dans un box sans personne, néon en pleine figure, câblée de partout pour l'ECG ! Mon rythme cardiaque stagne à 175 bpm... Angoissant ! Je demande un tranquillisant. On me dit on va voir avec le médecin... 20h30

Je sonne, 10 MNS plus tard, l'infirmière arrive, je demande une bassine pour uriner, je dois attendre encore pour qu'elle me l'apporte ! Et 20 MNS pour qu'elle revienne ! Le tranquillisant, ils ont oublié... 21h30

On me réinjecte de la striadyne. Aucun effet. Mon coeur me fait mal. Ma tête aussi. Il faut savoir que ces médicaments font l'effet qu'on pense qu'on va mourir. On ressent des fourmillements dans la boîte crânienne et la gorge se serre!

Je demande à prendre mes traitements psychiatriques! Là pareil, on me dit d'attendre... On me parle comme à un enfant ! Je déteste ça de la part du personnel soignant ! Nouvelle prise de sang 22h

Je pique une crise de nerfs quand l'infirmière me dit que les antiarythmiques ne fonctionnent pas et qu'on doit m'injecter à nouveau ! Elle s'énerve et me dit que je n'ai pas le choix alors j'appelle les urgences psychiatriques. Je me retrouve avec une nuée de soignants autour de moi. Le bruit les a alertés ! L'infirmière me prend mon téléphone et explique que je refuse d'être injectée. L'urgentiste psychiatrique lui dit d'appeler la psychiatre d'astreinte présente dans les locaux. Mon rythme cardiaque accélère ! Et enfin avant que la psychiatre ne débarque, elle me met un seresta 50 dans la bouche. C'est ma première gorgée d'eau depuis plusieurs heures ! 22h30

La psychiatre me pose quelques questions vite fait et m'explique que les antiarythmiques vont sûrement marcher à la fin et qu'il faut que j'accepte, que c'est pour mon bien, bla bla. Elle part et laisse la porte ouverte. 22h35

J'entends les discussions du personnel : "l'autre jour, on en avait 7 et pas juste des gens qui avaient un léger trouble, NON LÀ C'ÉTAIT DES CAS PSYCHIATRIQUES TRES TRÈS LOURDS ! ON A DU LES ATTACHER ET LEUR FILER LE KIT CAMISOLE CHIMIQUE !"

L'infirmière m'injecte de la cordarone pendant 20 MNS puis s'en va. J'ai l'idée d'écouter une musique relaxante sur mon portable et de faire mes exercices de cohérence cardiaque. Le tranquillisant fait effet et mon coeur se calme. Le personnel soignant me lâche enfin et ils me disent qu'ils vont me "libérer". C'est exactement mon sentiment, j'étais prisonnière ! Minuit, je rentre chez moi en ambulance. La première chose que je fais, c'est de boire de l'eau !

Il faut vraiment qu'on en parle de la prise en charge des patients vivant avec un trouble psychique au sein de l'hôpital ordinaire et lors d'un passage aux urgences...

Kobayashile 09 février 2023 à 23:33  •   91785

Ah oui, c'est compliqué comme processus de prise en charge. Ici on peut aller directement aux urgences psy, qui sont juste à côté des urgences normales. Ils ont les dossiers. La dernière fois on a dû faire un passage par les urgences normales, mais après tous les contrôles, ma fille a été redirigée vers le psy de garde. On est sorti à temps pour un repas de midi. La fois suivante, elle est allée direct voir le psy de garde en appelant leur numéro.
Je comprends que dans ces situations là, le patient à un choix à faire avant de contacter le bon service.

Hinenaole 09 février 2023 à 23:46  •   91786

Salut. 🙂

citation :
Mon coeur me fait mal

C'est une horrible sensation en effet.
Entre écrasement et arrachement. 😵
Perso, ça a pris une semaine complète pour disparaitre.
J'ai cru d'un seul coup que j'avais 90 ans.
Je n'osais plus rien faire. Plus rien soulever.
Depuis, je ne supporte plus de ressentir mon organe.
Quelque part, j'aimerais bien qu'il ne soit pas là.



Merci pour ton partage, @MARead. 😉

paradoxle 10 février 2023 à 00:53  •   91796

Allez, j'y vais de ma contribution.
De mon côté, c'est la fille d'une amie qui, ado, a été prise par la spirale psychiatrique. Bientôt 18 ans, elle s'en extirpe de justesse en se rebellant et en vivant sa vie. La dernière crise, urgence, ça traine, elle s'est calmée, elle s'est barrée. Elle dit qu'elle a une chambre en coloc, n'en dit pas plus, texte un "ça va" de temps en temps. Mais elle est pas forcément sortie de la fosse, espérons qu'elle soit bien entourée et qu'elle tienne bon.

Surderienle 10 février 2023 à 08:03  •   91808

.
Du temps où je travaillais au samu, je faisais de l'auto hypnose sans le savoir et j'emmenais toutes les personnes autour de moi dans le meilleur...
La crise actuelle fait qu'il est de plus en plus difficile de retrouver son auto hypnose et de la retransmettre car on vit dans l'urgence permanente.
Et les soignants se sauvent, ou pire, se résignent, et là on en arrive à ce qui est décrit ici.

@MARead merci pour ce témoignage.
😉

L'auto hypnose permet de garder sa cohérence et sa confiance.
Même au coeur du pire.
En principe...
😍

Nadiasilvitle 10 février 2023 à 09:10  •   91814

Merci pour ce partage @MARead
Autohypnose pour moi aussi @Surderien
Les urgences sont en effet saturées H24 Mon passage l'été dernier ressemble au tien jusqu'à 4h du matin (comme ça ils facturent 2 jours de prise en charge et 4 repas que tu n'as pas eus bien sûr, ni eau d'ailleurs. J'avais ma mini bouteille dans mon sac et des figues que j'ai attrapé en partant) le bassin je l'attends encore. pareil ! une blouse différente toutes les 20mn qui me repose les mêmes questions que la précédente. Je parles dans un masque à un autre masque avec des yeux dessus mais je n'en reconnais aucun. Changement de service... Ils sont combien là-dedans ? Et les heures s'égrènent, dans le brouhaha des bip-bip et des bip-tut-tut et des pas dans ce couloir où ça caille en plus... En culotte avec cette blouse ouverte de partout. Il y a un monde dans ce couloir. Ils doivent être fatigués à marcher autant. Je compatis. J'angoisse sans la tachycardie qui doit bien faire flipper j'imagine et sans ta pathologie mais avec les symptômes d'un avc qui n'en était pas un. Juste une crise d'angoisse paraît-il. J'en fait une par an depuis 10 ans environ qui ressemble à une crise cardiaque sans être avérée donc c'est possible. (Mon père a fait 4 infarctus et il est toujours là avec un pacemaker, mais sa mère est partie au 1er à 54 ans) Alors comme j'ai des kg à perdre bah je n'ai qu'à perdre du poids et ça ira mieux. Allez foutez moi ça dehors, on a besoin du brancard. Vous pouvez marcher ? Parfait ! Je me rabille et je sors comme si j'étais venue voir quelqu'un. Flippant cet hôpital

Hinenaole 10 février 2023 à 20:57  •   91844

citation :
J'angoisse sans la tachycardie qui doit bien faire flipper j'imagine

Disons que, tu te demandes surtout à quel moment ton coeur (qui en demande souvent toujours plus dans la progression de l'emballement) va soit s'arrêter net, soit littéralement se rompre quelque part, dans ta poitrine, comme une machinerie qui aurait une durite qui pète brusquement. (ce qui, dans les deux cas, donne la même finalité tragique, n'est-ce pas!... 😅) En fait, tant qu'il n'y a pas fébrilisation, l'organe est super résistant. C'est super fort musculairement et 'matériellement' un coeur. C'est un warrior! 🤘 Mais quand ça revient à la normale, tu as l'impression presque identique qu'il est tétanisé comme un muscle de jambe lors d'une course effrénée. Du coup, tu as le même type de douleur qui irradie dans tout l'intérieur de ton buste, et tu sens vraiment, mais alors vraiment, les limites et les contours de cet organe, dont mentalement par les sensations reçue, tu peux envisager concrètement de faire le tour... Etrange expérience. 😵

(et juste une remarque en relief, en passant...)
citation :
Allez, j'y vais de ma contribution.

Et il faut toujours y aller de sa contribution quand on a quelque chose à dire.
Toutes les contributions, même extra-personnelles, ont un intéret. 👍
Merci @paradox.

Nadiasilvitle 10 février 2023 à 23:34  •   91855

Je demande à être épargnée de ça
[Namaste :Mains jointes:]

MAReadle 11 février 2023 à 15:14  •   91867

Oh c'est vraiment gentil d'avoir commenté. Merci à toutes et à tous !

L'anxiété est un symptôme courant du trouble bipolaire, et les troubles du sommeil sont également très fréquents durant les épisodes aigus. Pour maîtriser ces symptômes, on prescrit souvent des benzodiazépines, une classe de médicaments légèrement sédatifs.

Je prends des antipsychotiques régulateurs de l'humeur qui stabilisent mon trouble bipolaire et qui sont très sédatifs. Mais mon trouble anxieux est alimenté par la situation de ma fille bipolaire et de son petit de 3 ans, ayant été victime de violences conjugales. Elle a quitté son ex il y a un an mais les audiences successives et la surveillance des services sociaux l'épuisent. Mon petit-fils fils est très agité et l'une de ses crises a contribué à augmenter mon anxiété au point de déclencher mon épisode de tachycardie extrême de Bouveret.

Les urgentistes auraient dû m'administrer un anxiolytique dès que je l'ai demandé au lieu d'attendre des heures. Et il a fallu que j'appelle moi-même les urgences psychiatriques pour qu'on leur dise de solliciter la psychiatre d'astreinte au sein de l'hôpital !

Je suis convaincue qu'il existe encore des médecins qui ont des préjugés négatifs au sujet des patients psychotiques. Peut-être des lacunes dans leur formation ? Ils n'ont probablement qu'un trimestre pour étudier les différentes disciplines alors que la psychiatrie demanderait au moins un an ...

La santé mentale est devenue un sujet crucial mais la stigmatisation reste vive au sein de la société !

Kobayashile 12 février 2023 à 22:06  •   91912

@MARead, oui, la médecine actuelle est héritée du 18ème siècle, avec les premiers vrais hospices. Et assez vite c'est devenu un outil pour soigner les blessés des guerres. On est devenu formidable sur tous ce qui est traumatique physique. Par contre, la partie psy a commencé à apparaître avec les vétérans du Viet-nam, même si les médecins avaient déjà des questions.
La direction prise par les mystiphysiciens du 19ème n'a pas beaucoup aidé à la compréhension des trauma psy, voire l'a retardée.
Depuis une soixantaine d'année, on commence à converger, mais la route sera encore longue !

Venussmithle 17 décembre 2023 à 20:55  •   107114

C'est plus compliqué que ça. Nous devons accueillir tout type de personnes. (Je fais partie des équipes qui accueillent) .
Il faudrait venir dans un service d'urgence pour comprendre.

Je suis désolée des retours, nous faisons ce que nous pouvons,avec les moyens que nous avons.

paradoxle 17 décembre 2023 à 21:33  •   107115

@Venussmith Merci pour cette nuance. Il est clair que la mal prise en charge est surtout due au manque de moyen.

Zompole 18 décembre 2023 à 12:54  •   107139

Manque de moyens ou culture de la carence?
Toutes choses sont retournées.
La santé physique et phsychique est devenu en réalité, l'ennemis de nos égémoniques multinationnales.

Le système commerciale, esclavagiste et "prostitutif" est, à mes yeux, la cause de tout les maux et également ce qui empêche de guérir.

Que l'innocence profanés fasse tout péter n'est pas une maladie.

Bipolarité, scysophrènie, coeur qui s'emballent et autre fonds de commerces de nos démocraties phsycriatriques ne sont elles pas les conséquences de mauvaises soummisions, d'abus de toutes natures et de viols d'équilibres.

La principale vertue des hopitaux devrais être l'amour des soignants mais si l'anamour gouverne...

Chaque être est un univers biologique et spirituel.
Une constellation de cellulles, microbes, champignons et autres idées fluctuantes aux rytmes mystérieux.
Ies frontières entre l'intérieur et l'extérieur sont aussi poreuses qu' entre le corps et l'esprit.

User sans gratitude de la vie est déjà une maladie.
Nous sommes les enfant malades d'une société malade.
Le vivant ne peut être qu'aimé, il ne peut être gouverné.
La vie recule quand la machine avance mais l'équilibre veux que le pilote tombe malade.

Conscientiser peut être dangereux mais ne pas le faire c'est à coup sur être confronté aux maux qu'entrainent l'irrespect de nos natures créatrices.

Je suis toi, tu es moi et tout devrait être pour nos prochains...


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