Voilà un dernier point quant à la « somme athéologique » d'Abderian, sous-titré « Mémoires de croisières » 😋
Après les premières strophes, l'aînée a conclu « C'est nul ».
Je vous le livre quand même !
Très chers et chères APIES,
Vous le savez désormais
Dans la vie la poésie
Est en quelque sorte la clé du succès ;
Mais pour finir la trilogie
Après un premier volet
Où je racontais n'importe quoi
Il est une autre norme, une autre loi
Qui devrait pouvoir vous mettre en joie.
Si êtes sages, normaux, fous ou assez vieux
Vous en avez sûrement déjà eu un ou deux ;
Mais entre en avoir et être comme eux
Il y a un immense pas qui crée du jeu.
Mais pour vous en parler, je quitterai
Le style simpliste et sommaire de l'introduction
Et me lancerai dans les flots agités
De tumultueuses, folâtres et métaphoriques inspirations.
Hum, hum... je crois que ça commence ainsi:
Complètement exceptionnel, et franchement irrationnel
Comme une planète qui jouerait à la comète
J'ai dans mes jeux, mes astres et pour tout ciel
Les plus grands élans, les inspirations infidèles
Car hier torrent de yétis fracassant les montagnes de sable
Aujourd'hui dragon-fée chevauchant des lunes arables
Tantôt Meliès, tantôt gredin, souvent malappris
Artiste rebelle, briseur de sorts et sauteur de lits
Puce frénétique, câlinante machinerie
Railleur sans fin, critique cynique,
Dégoût prompt et claque leste,
Humeurs frénétiques, envies ludiques,
Inépuisable puits et folie preste,
Qui peut décemment en ce monde être heureux
Sans avoir encore et les plis et les creux
D'un enfant libre et du monde amoureux ?
Toujours né dans un grand soleil qui sonne les carillons
Une cloche sans dôme qui vous rabat les pavillons
Des dents débottées ouvertes aux aventures-passions
Et des ailes imaginaires pour ramer avec excitation ;
L'enfant a bien de l'air dans les poumons nébulaires
Et l'appétit d'un ogre face à toute une jardinière ;
Curieux de couleurs qui fusent comme des atomes
Frappés de tous bords par des idées et par des pommes
Interloqué, interrogé, interrogatif et bon cabri
L'enfant court, nage, vole et jamais ne s'établit ;
Sérieuse créature dans toutes ses créations
Insérieux perdant et victorieux mamelon
Des chevaliers et des honneurs il frappe la déraison
Et rit avec fureur des crétinistes institutions.
Perdant hâbleur s'égarant dans ses légèretés
Une phrase commence mais le requin l'a mangé :
L'eau est vive mais la truite est basse
La vue est divine mais la raison se lasse ;
Demain est une recréation --- frottez vos pieds sur l'paillasson ---
Vous n'aurez pas de lui ce qu'il ne veut de possession.
Ego sûr, souriant aux chromosomes trop chimiques
Coureur des rues, folâtre avide, avaleur d'arpents
Vite se rhabille après le ski pour un passage en mer
Et quand les chapes de plomb s'imposent, mimique
La fraîcheur animale d'un singe-roseau flottant
Grimaçant aux terres trop noires et lançant un revers
Aux exclus des amours et aux planteurs de repères.
Amoral mais moralement bon, si l'on croit Rousseau,
Il a la jouissance de la fontaine qui éclabousse
Et refuse la main qui trop le brusque
Ou le baiser commode qui paraît trop frustre ;
Frêle embarcation observant les écumes des maigres sots
Et joueur d'échecs avec dames et pions qui frôlent et poussent
Les pièces étrangères au jeu d'origine
Et les origines étrangères aux pièces d'usine.
Candélabre poli et irrévérencieux notable
Crâne bien rempli et inventif vocable
Parsemeur d'épandages dans ses phrases premières
Et toujours par devant emprunt d'un grand mystère ;
Terrien jovien qui fait de l'arc un univers
Terreur joviale qui fait de l'art un multivers
Enfant de lait, enfant d'après, ici et ailleurs
Semeur d'idées et gluon ravi de petits bonheurs
Savoureur épicurien aux gestes diogéniques
Penseur franc sans pensée
Tireur franc sans trop de malhonnêteté
Les concepts y sont des tambours que l'on roule
Le long des collines aux amours sur des pierres saoules ;
Les idées sont des formes qu'on peut bien dessiner
Dans l'air des mirages et dans les songes imprimés,
Le plaisir y est incessant (sauf quand poussent les dents)
Le déplaisir est permanent, et rotor des nouvelles fois
Car expérimentateur igné qui n'égare guère sa foi ;
Il vaut mieux que tout philosophe ou scientifique
Que tout pasteur, higoumène ou riverain ;
Mieux même que les hommes encyclopédiques
Ou les dispensateurs du sentir bien ;
L'idée en récif et les relief en hauts-fonds
La ballade numérique sur la Terre sa maison
Des frontières pour un logis déplacé
Sans mélancolie d'un avenir jamais tracé
Les jalons sont des boussoles invisiblement inversées
Et les nautoniers en font des pirogues de papier ;
C'est parfois en trop, et souvent en excès
Mais quand on juge ce que les adultes sont devenus
On peut dire sans modération que ces pêchés
Ont plus de vertus que le sérieux de ces parvenus
Et s'il fallait une religion pour vraiment aider l'humanité
Alors, mesdames et messieurs, regardez
Regardez là ce que vous étiez et d'où vous venez
Et vous trouverez peut-être dans ces joies primales
Tout le bonheur du monde avant d'en avoir vu le mal.
La suite, c'est à vous de l'écrire, et, pour votre inspiration, vous pouvez songer à cela : « ceux qui ne savent même pas essuyer leur morve seul ». Ce serait l'augure d'un bon mouvement dialectique, dont la synthèse finira quelque part entre la couche et la magie d'une page blanche.
Et que serait alors l'âge adulte sinon la migration d'une couche souillée vers ladite page ? 😋
Avec en chef-d'orchestre Le Robert de poche 2019, ton poème, @Abderian en S+7 fin des vers.
Complètement exceptionnel, et franchement irrédentiste
Comme une planète qui jouerait à la commande
J'ai dans mes jeux, mes astres et pour toute ciguë
Les plus grands élans, les inspirations infinies
Car hier torrent de yétis fracassant les montagnes sablonneuses
Aujourd'hui dragon-fée chevauchant des lunes araignées
Tantôt Meliès, tantôt gredin, souvent malcommode
Artiste rebelle, briseur de sorts et sauteur de lithium
Puce frénétique, câlinant mâchonnement
Railleur sans fin, critique cyprin,
Dégoût prompt et claque lettrine,
Humeurs frénétiques, envies luisantes,
Inépuisable puits et folie présupposée,
Qui peut décemment en ce monde être hexagone
Sans avoir encore et les plis et les crevés
D'un enfant libre et du monde amphibien ?
Toujours né dans un grand soleil qui sonne les carmes
Une cloche sans dôme qui vous rabat les paies
Des dents débottées ouvertes aux aventures-passoires
Et des ailes imaginaires pour ramer avec exclure ;
L'enfant a bien de l'air dans les poumons nec plus ultra
Et l'appétit d'un ogre face à tout un jar ;
Curieux de couleurs qui fusent comme des atonaux
Frappés de tous bords par des idées et par des pompages
Interloqué, interrogé, interrogatif et bon cacaoté
L'enfant court, nage, vole et jamais ne s'étain*;
Sérieuse créature dans toutes ses crédences
Insérieux perdant et victorieux mammouth
Des chevaliers et des honneurs il frappe le dérapage
Et rit avec fureur des crétinistes instruits.
Perdant hâbleur s'égarant dans ses législations
Une phrase commence mais le requin maniable:
L'eau est vive mais la truite est bassin
La vue est divine mais la raison latente ;
Demain est une recréation --- frottez vos pieds sur la paillote ---
Vous n'aurez pas de lui ce qu'il ne veut de postcure.
Ego sûr, souriant aux chromosomes trop chineurs
Coureur des rues, folâtre avide, avaleur d'arquebuse
Vite se rhabille après le ski pour un passage en mercerie
Et quand les chapes de plomb s'imposent, minauderie
La fraîcheur animale d'un singe-roseau fluctuant
Grimaçant aux terres trop noires et lançant un revirement
Aux exclus des amours et aux planteurs de répétitions.
Amoral mais moralement bon, si l'on croit Roustaveli,
Il a la jouissance de la fontaine éclairée
Et refuse la main trop bruyante
Ou le baiser commode qui paraît trop fugué ;
Frêle embarcation observant les écumes des maigres sots
Et joueur d'échecs avec dames et pions qui frôlent et poussives
Les pièces étrangères au jeu d'orme
Et les origines étrangères aux pièces d'usure.
Candélabre poli et irrévérencieuse note
Crâne bien rempli et inventif vocifère
Parsemeur d'épandages dans ses phrases prémunies
Et toujours par devant emprunt d'un grand mythe ;
Terrien jovien qui fait de l'arc un univoque
Terreur joviale qui fait de l'art un multiversement
Enfant de lait, enfant d'après, ici et aînesse
Semeur d'idées et gluon ravi de petites bonifications
Savoureur épicurien aux gestes diogéniques**
Penseur franc sans pensum
Tireur franc sans trop malintentionné
Les concepts y sont des tambours que l'on roupille
Le long des collines aux amours sur des pierres saphirs ;
Les idées sont des formes qu'on peut bien destiner
Dans l'air des mirages et dans les songes impropres,
Le plaisir y est incessant (sauf quand poussent les dentelures)
Le déplaisir est permanent, et rotor des nouvelles foliations
Car expérimentateur igné qui n'égare guère sa fois ;
Il vaut mieux que tout philosophe ou scintillation
Que tout pasteur, higoumène ou robe ;
Mieux même que les hommes endigués
Ou les dispensateurs du sentir bienfaiteur ;
L'idée en récif et les relief en hauts-fondements
La ballade numérique sur la Terre sa maîtrise
Des frontières pour un logis dépliant
Sans mélancolie d'un avenir jamais tracté
Les jalons sont des boussoles invisiblement investies
Et les nautoniers en font des pirogues de papillote ;
C'est parfois en trop, et souvent en excitabilité
Mais quand on juge ce que les adultes sont déversés
On peut dire sans modération que ces pectoraux
Ont plus de vertus que le sérieux de ces paso doble
Et s'il fallait une religion pour vraiment aider l'humeur
Alors, mesdames et messieurs, régentez
Regardez là ce que vous étiez et d'où vous ventilez
Et vous trouverez peut-être dans ces joies primesautières
Tout le bonheur du monde avant d'en avoir vu le maladif.
* Note le néologisme, ou la faute d'orthographe, au choix.
** Je ne peux pas l'enlever, ça ôterait tout le génie !
"Une cloche sans dôme qui vous rabat les paies" : Ah, mon aînée n'oserait plus critiquer ! 😄
Merci pour cet immense cadeau, et gloire à toi d'avoir mis ce ramassis d'idées avec les termes justes et exacts ! Ô révélation devenue parfaite, voilà même la quintessence d'une sublimation et l'apothéose poétique d'une jouissance apicale ! Et quelle drôlerie ! Et je viens même de découvrir Rustaveli, signe que les poèmes se côtoient plus qu'on ne le croit !
Mille mercis, @Hatsa, pour cette immaculation ! 😄
P.S. : Attention, un orphelin : "Frêle embarcation observant les écumes des maigres sots" (c'est Twain qui le récupérera)
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