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L'espace de discussion rationnelle n'existe pas en absolu

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L'espace de discussion rationnelle n'existe pas en absolu
Magda72le 30 juin 2022 à 04:16

L´espace de discussion rationnelle n´existe pas en absolu! Toute ma vie avait été basée sur ce qu´un espace rationnel de discussion existe, mais en fait, tout dépend de l´interlocuteur (émetteur - message - récepteur).



Si le récepteur n´est pas capable de discuter rationnellement ou pas capable de comprendre le message, y a rien à faire.

zozottele 30 juin 2022 à 23:08  •   83112

Tout dépend de beaucoup de choses oui,mais rien n'est la faute de personne.
C'est un ensemble de choses qui se croisent et s'entremêlent,qui font qu'il y a rencontre ou non, à un instant T.
Tout existe dans l'absolu,un espace de discussion rationnel aussi.
Il faut qu'il y ai rencontre au bon moment, avec les bonnes conditions pour cela.

Gaelle 01 juillet 2022 à 00:10  •   83121

Bonsoir.
Sujet intéressant, je me permets de participer.
Etant ignostique, je pense que les termes et notions communes méritent d'être clairement définis, histoire que l'on s'assure que l'on parle de la même chose, notamment (pour commencer) en ce qui concerne le terme "rationnel".
Etre rationnel, c'est, je pense, faire le lien déductif entre savoir et croyance. Ainsi, tenir une position rationnelle, c'est croire en quelque chose (ou sa négation) parce que l'on pense avoir des preuves de cette chose (ou de sa négation). Corollaire : si je ne sais pas qu'une chose existe (parce que je manque de preuves solides par exemple), alors je n'ai pas de raison de croire en l'existence de cette chose. Raison et rationnalité vont ainsi de paire.

Posons alors la question de la possibilité d'un espace de discussion rationnel dans l'absolu. Une discussion rationnelle, on peut probablement voir cela comme une discussion basée sur l'indexation des croyances - et leurs révocations - en fonction de telles ou telles preuves (du domaine de la connaissance) apportées. Il semble alors qu'il faille une conjonction de plusieurs accords entre les deux interlocuteurs :
- il faut tout d'abord qu'ils puissent être en accord sur la définition de la rationnalité et de ses conséquences ; en outre, une preuve bien argumentée doit être en faveur d'une réindexation des connaissances et donc, conséquemment, d'une remise à niveau de la croyance associée ;
- il faut aussi être d'accord sur le principe de la méthode argumentaire : les prémisses doivent être vraies, et les raisonnements doivent être valides voire formellement valides ;
- il faut accepter le temps du débat que les deux personnes puissent mettre de côté leurs croyances en la chose débattue, ne serait-ce que pour limiter d'éventuels effet indésirables en ce qui concerne les biais (entre autre le biais de confirmation) ;
- il faut, en cours de discussion, ne pas hésiter à bien clarifier les termes employés et procéder à la mise à plat des définitions recouvrant ces termes, de sorte que les deux interlocuteurs soient (à peu près) garantis de parler de la même chose ;
- il est nécessaire de faire l'effort de se concentrer sur le fond, et non sur la personne, pour limiter par exemple des attaques ad hominem, qui ne font que "polluer" la discussion ;
- il est nécessaire que, si l'un des deux énonce une prémisse fausse (pour l'autre), ou un argument faux (pour l'autre), que l'autre le fasse savoir, et que l'un sache reconnaître la (les) faille(s) de sa dialectique.

Cela fait ainsi beaucoup de choses que doivent partager en commun les deux interlocuteurs, pour espérer avoir une discussion rationnelle. Mais qu'en est-il d'une discussion rationnelle dans l'absolu ? Entre faut-il bien entendre ce que l'on souhaite mettre derrière cette terminologie d'absolu.

Absolu peut être pris dans le sens "qui n'est pas relatif à". Ainsi, quelque chose d'absolu serait quelque chose percu par tous (en tant qu'observateur) de la même manière. Mais ici il semblerait que cela ne soit pas la définition adéquate de "absolu" qu'il faut entendre. En effet, une discussion rationnelle dans l'absolu signifierait qu'une telle discussion puisse se faire, indépendemment de tout repère. Or, au début qu'une discussion, nos influences, croyances, nos parcours de vie, nos cultures, notre éducation... font que nous avons toutes et tous des poitns de vues différents sur le monde, et donc des prémisses et certainement des croyances différentes sur le monde. Ainsi, les points de départ de tout raisonnement rationnel que l'on pourrait avoir sont fortement relatifs à notre perception du monde à un instant t.

Je pense qu'il vaut mieux prendre ainsi la phrase "avoir une discussion rationnelle dans l'absolu" plutôt comme avoir une discussion (un débat donc) rationnel (centré sur l'indexation des croyances en fonction du savoir et des connaissances dans l'absolu - c'est limite méta en passant du coup), dans l'absolu (autrement dit : en partageant un consensus). Mais quel consensus ? Eh bien, je pense qu'il puisse s'agir de ce que les logiciens appellent "argument valide" ; rappelons qu'un argument est considéré comme valide lorsque l'intégralité de la vérité des prémisses à un raissonnement est transférée à la conclusion ; en d'autre terme, si les prémisses sont considérées comme indubitablement vraies, et si ces prémisses permettent d'aboutir à une conclusion par un raisonnement valide, alors il est nécessaire d'admettre pour tout aussi vrai que les prémisses la conclusion à laquelle on arrive.

Ainsi, le débat peut se heurter à deux difficultés majeures :
- l'un des deux interocuteurs n'est pas d'accord avec l'autre en ce qui concerne la véracité d'une prémisse (manque de preuve solide, croyance, témoignage, croyance populaire, etc.) ;
- l'un des deux interlocuteurs utilise un bon argument, mais qui ne soit pas pour autant une argument formellement valide - et ainsi l'intégralité de la prémisse ne se tranfert pas à la conclusion.

Aussi, il semblerait qu'avoir une discussion rationnelle dans l'absolu soit assez complexe, sinon impossible à mener ; d'une part parce qu'il est toujours possible de trouver un bon argument en défaveur de la véracité d'une prémisse - c'est en général ce que font les philosophes, ils démontent un concept en donnant un cas de figure où la prémisse de leur interlocuteur est fausse dans un certain contexte ; et d'autre part parce qu'assez souvent, les raisonnements valides ne sont pas formellement valides pour autant.

Pour conclure, j'ai surtout insisté sur les deux éléments que sont l'émetteur et le récepteur, et pas tant le canal de communication - ce dernier étant lié à divers facteurs (touchant au langage, à l'adaptation à l'autre, entre autre ; ce serait intéressant d'en débattre 🙂 ).

Espérant avoir pu apporter quelques éléments et n'avoir pas dit de sotises - et ne pas être hors-sujet non plus.

🙂

Hinenaole 01 juillet 2022 à 12:23  •   83137

Bonjour tous et toutes. 🙂
Bonjour @Magda72. 🙂
Mini sujet coup de gueule, mais sujet intéressant. 👍

citation :
mais en fait, tout dépend de l´interlocuteur (émetteur - message - récepteur).

Tu as oublié le canal. Je pense que ça compte aussi pour un bon quart du problème.

citation :
Si le récepteur n´est pas capable de discuter rationnellement ou pas capable de comprendre le message, y a rien à faire.

Toute mon ex vie professionnnelle résumée en une seule phrase, bravo. ^^


A plus tard.
Bonne journée.

Hiné.

Magda72le 01 juillet 2022 à 12:55  •   83139

@Gael , on peut expérimenter (et j´ai fait toute la vie) avec des choses tout à fait banales, où le rationnel veut dire que, un exemple extremement simple, qu´une personne qui va chercher une marchandise en solde à 10 km au lieu de l´acheter chez lui, dépense finalement plus d´argent. NB! C´est un exemple! Que de fois j´ai démontré, que, mathématiques très simples, l´essence utilisée (et c´était AVANT!) coute plus, ajouté au prix, que d´avoir acheté cette marchandise sur place. Et que non, le message ne passe simplement pas.

Mais au fur et à mesure, en négligeant de savoir QUI est interlocuteur, j´en suis arrivée là, qu´un espace supposé de discussion rationnelle (pour simplifier, disons le rationnel simple, des équations simples, des faits incontestables (une tempete a eu lieu? oui ou non, on peut pas nier (ok, si, si, on peut tout nier à la rigueur))), n´existe pas. Donc je dois, à chaque fois (hélàs!) faire le travail supplémentaire à étudier l´interlocuteur, qui peut etre toute une conférence de chercheurs (Michel Serres dans Distribution disait que, parfois les sciences avancent quand la génération de chercheurs change).

Gaelle 01 juillet 2022 à 13:10  •   83140

@Magda72 entendu. Donc plus la définition instrumentale de la rationalité, plutôt que la définition épistémique. Intéressant ! 🙂

Magda72le 01 juillet 2022 à 13:14  •   83141

@Gael , pas vraiment, la définition épistémique serait intéressante, mais il faudrait avoir toute une éternité devant soi, d´ailleurs, pour d´autres sujets, Michel Serres en parle dans Distribution. C ´est pour cela, que juste pour illustrer, des exemples de définition instrumentale. 🙂

Hinenaole 01 juillet 2022 à 20:54  •   83162

Bonsoir Magda, bonsoir Gael. 🙂

@Magda72
citation :
(Michel Serres dans Distribution disait que, parfois les sciences avancent quand la génération de chercheurs change).

C'est tout à fait mon sentiment aussi. Idem quant à l'évolution des moeurs. Pour qu'un changement sociétal soit enfin actif, c'est souvent la génération suivante de celle qui a eu l'idée initiale qui l'applique. Soit, la plupart du temps, 25 ans après.

Bonne soirée.

Kobayashile 03 juillet 2022 à 16:54  •   83288

@Magda72, je me disais cette semaine que l'on ne peut éprouver de l'amour que l'on reçoit que celui que l'on a déjà en soi. Une autre façon de parler de l'ouverture du coeur.


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