Humour, énigmes, jeux et détente

Et si on écrivait ?

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Et si on écrivait ?
Fanny-146le 25 décembre 2018 à 11:14

Salut à tous !

Que diriez-vous d'un petit jeu d'écriture ?
Lors des ateliers auxquels je participe, on a fait plusieurs fois un logorallye autour des mots proposés dans le cadre de l'opération "Dis-moi dix mots".
Les mots proposés cette année sont : "arabesque, composer, coquille, cursif/-ive, gribouillis, logogramme, phylactère, rébus, signe, tracé"
Qui se lance à écrire un petit texte contenant chaque mot de la liste ? (Je ne triche pas, on ne l'a pas (encore) fait avec les copains de mon atelier attitré, mais je me prêterai au jeu ici si je ne suis pas seule !

Fanny-146le 25 décembre 2018 à 11:33  •   214

Je précise un peu : s'il y a quelques volontaires, on se fixe une date de retour (pas trop rapide pour que ce ne soit pas trop contraignant), et chacun poste son texte à peu près à ce moment-là. Sinon, c'est difficile d'écrire sur le même thème quand on a déjà lu des propositions d'autres personnes (enfin, c'est mon expérience)

LibertEchEriele 25 décembre 2018 à 15:30  •   221

Moi je suis plus que partante! 😛

Fanny-146le 25 décembre 2018 à 15:43  •   222

Génial ! Je propose d'attendre encore quelques jours, voir si on a d'autres volontaires, et on se lance ?

LibertEchEriele 25 décembre 2018 à 17:35  •   223

Oui, avec plaisir!

Stickle 26 décembre 2018 à 08:51  •   228

Bonjour Fanny.
Je suis intéressé par ton jeu, je participerai avec plaisir.

Fanny-146le 26 décembre 2018 à 09:23  •   231

Nous voilà 3, c'est bien parti :) :) :)

Fanny-146le 28 décembre 2018 à 11:40  •   266

Bon, il semblerait qu'il faille démarrer à 3, si vous êtes toujours partants, et rien n'empêche d'autres volontaires de nous rejoindre en cours de route !
Que pensez-vous de poster ici les textes le dimanche 13 janvier, en fin de journée ? Pas besoin que ce soit long (c'est même plus difficile de caser tous les mots dans un texte court !) : entre 1000 et 3000 signes, pour ne pas trop se compliquer la vie ?
Les noms et adjectifs peuvent varier (genre et nombre), les verbes être conjugués.
C'est parti ?

patrickle 29 décembre 2018 à 00:07  •   284

c'est fait... par contre, j'ai à peine plus de trois cents mots. (et j'ai du aller voir la définition du mot logogramme). je le mettrai avec plaisir le 13 janvier.

Fanny-146le 29 décembre 2018 à 05:39  •   285

Bonjour Patrick ! Un participant de plus, je suis ravie ! Et avec 300 mots, on est pile dans la fourchette "demandée" ! Je vais regretter d'avoir mis une date si éloignée, par hâte de lire les textes de chacun !

LibertEchEriele 30 décembre 2018 à 22:44  •   314

Moi je n'ai qu'une ébauche, pas trop le temps.. Je vous dirai si je l'ai avant le 13 mais j'ai pas trop envie de me mettre la pression. Il est toutefois possible que je réussisse à choper le bon moment et que ça sorte tout d'un coup.. A bientôt et bonne écriture!

LibertEchEriele 01 janvier 2019 à 00:07  •   337

Bon, pour moi c'est quasiment bouclé. "cursif" m'exaspère mais je pense qu'on peut rapprocher la date, à votre convenance. Bon début d'année!

patrickle 01 janvier 2019 à 11:26  •   350

je propose que Libertecherie donne le go dès qu'on elle est prête. (pour faire un petit teasing, c'est le mot arabesque qui a décidé le sens de l'histoire et le mot composer qui a permis de faire la chute)

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 11:53  •   354

Faut que je m'y mette, alors ;) Reine de la procrastination, je n'ai pas écrit le moindre mot ! Ni en cursive ni autrement...
Je ne sais pas où en est @Stick ?

Abderianle 01 janvier 2019 à 12:02  •   355

Tiens, j'ai lu votre /thread/ et ai produit un petit texte, avec la célérité du hérisson poursuivi par un tyrannosaure.
Mh... ou d'un tyrannosaure poursuivi par un hérisson ?
Hum, :joking:
Et pourquoi remettre son texte à une date donnée ? Pourquoi ne pas le publier quand il sort tout chaud du four ?

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 12:05  •   356

Pour ne pas influencer l'écriture des autres. Avoir lu un texte écrit sur la même consigne a tendance à brider l'imagination... Je pratique un peu les ateliers d'écriture, et c'est une constante....

Abderianle 01 janvier 2019 à 12:29  •   367

Oui, je m'en doutais, mais a contrario, on peut aussi avoir la poussée inverse. Lire telle chose et vouloir écrire contre, ou autrement, ou même, dans le cadre d'une variation, se donner un contexte. Peut-être pourrait-on aussi proposer ce genre de composition, ultérieurement, pour varier, comme Grand Corps Malade l'a fait (faire).

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 12:33  •   368

Oui, c'est un autre exercice, tout aussi intéressant, mais difficile de concilier avantages et inconvénients en un seul "jeu".

LibertEchEriele 01 janvier 2019 à 15:52  •   371

Bon, allez, texte clos parce que j'y ai mis de mon histoire, c'est un peu lourd donc ça y est, je n'y toucherai plus, même si c'est un truc de dingue pour moi de clore un texte aussi rapidement. Je le posterai quand tout le monde sera prêt. Et, oui, j'ai hâte de lire les vôtres.

patrickle 01 janvier 2019 à 16:05  •   374

prêt! pour faire suite à la remarque d'Abderian, je trouve amusant de voir qu'en partant d'une même consigne de base, on peut aller dans plein de directions différences.

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 16:26  •   375

Oui, mais justement, le fait d'avoir lu d'autres textes avant d'écrire est plutôt handicapant. Souvent, on se dit "Zut, j'avais pas compris le sujet, mon idée ne vaut rien... "

LibertEchEriele 01 janvier 2019 à 17:29  •   377

Fanny, excuse-moi mais que crois-tu que je ressente en m'apprêtant à poster un texte si rapidement écrit au vu et au sus de, je n'ose même pas imaginer combien de lecteurs potentiels..? Ceci dit, j'attendrai que tu donnes le signal. Puisses-tu te laisser aller comme j'ai pu le faire pour que ces mots, s'extirpant de toi, se donnent avec autant de naturel que ceux que tu donnes sur les forums, en parfaites imperfections

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 17:45  •   379

Je jouerai vraiment le jeu, bien sûr ! Et je suis du genre à écrire vite aussi.
Je trouve, mais ce n'est que mon avis, qu'une fois les premiers textes partagés, il est encore plus difficile de se lancer, car on a un point de comparaison, et si on a tendance à se dévaloriser, c'est une occasion rêvée.
Je ne suis pas contre avancer la date, si vous le souhaitez, par contre, je l'avais choisie lointaine pour laisser du temps à chacun, mais si c'est contre productif et anxiogène, je ne suis pas butée. Faut juste me laisser le temps d'écrire aussi, car je n'ai jamais pensé à resquiller et à attendre vos textes sans rien donner en échange ou en piochant des idées dans vos productions.

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 18:49  •   381

Allez, en signe de bonne foi, je me lance la première. Attention SPOILER : ci-dessous, mon texte ! Si vous comptez participer au jeu sans vouloir être influencé, ne pas lire ce qui suit !
Le texte est tout à fait dans le genre de ce que j'aime écrire, avec un style simple, mais d'autres intérêts, d'après les retours que je peux avoir sur les textes partagés.

arabesque, composer, coquille, cursif/-ive, gribouillis, logogramme, phylactère, rébus, signe, tracé

« Alors, que penses-tu de mon texte ? Il te plaît ?
- Ah oui, beaucoup ! C'est un honneur que tu m'aies envoyé le manuscrit. Je n'aime pas trop les textes passés par un traitement de texte. Pour moi, ils perdent tout intérêt.
- Je n'irai pas jusque-là, mais c'est vrai que le manuscrit a un certain charme. Même si mon écriture est souvent plus proche du gribouillis que de l'élégante arabesque. Et puis, le traitement de texte est bien pratique pour traquer certaines coquilles. Pas toutes, et on n'est pas près de pouvoir se passer de l'oeil humain, mais quand même...
- Tu sais, moi, les coquilles, ça m'est assez égal. L'orthographe ? Pas mon truc. Tu n'as jamais vu un texte écrit de ma main, sinon, tu saurais que je suis la personne la plus mal placée pour faire des remarques, avec mon écriture cursive au tracé balbutiant.
- Tiens, oui, c'est vrai, je n'avais pas réalisé que je n'ai jamais vu ton écriture ! Même pas sur une carte postale ou un post-it quelconque !
- Je préfère la voix, finalement, tu sais. C'est plus direct, je suis plus à l'aise, on voit tout de suite à la réaction de la personne s'il y a un malentendu. L'écrit, c'est source d'incompréhension. N'empêche que j'ai adoré la façon dont tu as composé chaque page. Chacune est une petite oeuvre d'art ! Même les ratures, là, on dirait finalement un logogramme. Comme quand on fait écrire son prénom en japonais par un calligraphe, pour afficher ça dans son salon.
- Y a de ça, effectivement. Mais tu sais, si je trouve un éditeur, les ratures disparaîtront. J'espère, par contre, en trouver un qui acceptera d'opter pour une police et une présentation originales. J'ai vu ça dans des livres pour ados : des journaux intimes, qui sont mis en page comme s'ils étaient réels, avec une écriture ressemblant à du manuscrit. Je n'ai jamais vu un truc pareil pour les adultes, il y a sans doute une idée à creuser ! Peut-être que ça réconcilierait certaines personnes avec la lecture !
- Ah oui, tu as raison ! Ma fille, j'ai bien vu qu'elle avait des livres adaptés, par rapport à sa dyslexie, et depuis, elle a réussi à apprendre à lire, et elle aime ça, maintenant ! Impossible de lui faire lever le nez de ses bouquins ! Alors si tu peux réaliser ce miracle pour des adultes, ce serait génial ! Tiens, il me vient une ou deux idées, pour aller dans cette direction. Regarde, le dialogue, là, avec les guillemets, les alinéas et les tirets. C'est un peu rébarbatif et intimidant, tous ces codes qu'il faut connaître pour pouvoir suivre un texte. Alors, pourquoi pas placer tout ça dans des phylactères ? Ça, tout le monde connaît ! Et des rébus ? Pourquoi pas des rébus ? Quelques petits dessins, au milieu d'une page entière de texte, ça aidera à décomplexer certaines personnes !
- Pas bête ! Je vais réfléchir à tout ça. Il faut que je vérifie aussi auprès d'un éditeur quel est le nombre de signes idéal pour viser la niche des adultes peu portés vers la lecture. Comme je lis énormément, j'ai du mal à me rendre compte de ce qui est décourageant pour un lecteur moyen... voire un mauvais lecteur. Il me reste du boulot, mais mon projet avance, et ton retour est précieux. Mais, du coup, tu ne m'as pas dit ce que tu penses de l'histoire, des personnages, du dénouement ?
- C'est que... je n'en parle jamais, je n'ai même pas osé te le dire quand tu m'as demandé de jeter un coup d'oeil à ton manuscrit, mais... je ne sais pas lire. »

LibertEchEriele 01 janvier 2019 à 19:29  •   384

Le mien:
Peut-être l'a-t-on un jour surnommée coquille, elle s'appelle arabesque. Ou l'histoire de retrouvailles avec soi-même.
Une fillette, vive, chaleureuse, en quête permanente de la moindre interaction.
Apparemment, pour certains, en survol cursif, trop bruyante, trop gesticulante, trop truculente?
Trop tard.. Dans la cour d'école, elle parle en mots à hic. Son corps, prolongement de sa pensée, improbable, se déplace déjà en gribouillis. Dans ses yeux grand ouverts, bien trop vite, le feu se noie dans la peur et la tristesse. Son sourire étincelant se fige bientôt en rictus convenus. Et ce rire, si franc, si faste, se mure lui aussi dans ce petit être en train de se falsifier. Plus tard, le tracé furibond de la verve débordera des phylactères.
Mais, un beau jour, subi te ment, la vie n'apparaît plus comme le travail à la résolution d'un rébus tissé par tout le non-choisi. Et là, la coquille, en toute facilité, commence à se déployer, et se déroule en laissant découvrir, dessinée clairement, l'arabesque de son chemin propre.
Un énième autre beau jour.. Quel bonheur d'être ici mes amis! Même quand certains messages me sont en grande partie indéchiffrables, ils ont la beauté des logogrammes Maya, ils portent en eux la nécessité d'avancer.
Nous formons une seule et même famille de composantes, de la plus infime particule à l'être le plus "élaboré", la matière en commun.
Et, en son sein, quelques sortes de Spinoza, ayant d'autre souci que celui d'apposer leur signature, comme celui de laisser l'intérieur s'écouler en gestes et, peut-être, de goûter l'existence.

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 19:34  •   386

Merci pour ton partage ! J'aime beaucoup toutes les images que tu as créées dans un texte court, sans rendre ton texte obscur pour autant. Et forcément, il résonne en moi. Merci, vraiment.

patrickle 01 janvier 2019 à 19:59  •   387

dans un style un peu différent, voici le mien :
"
Au cours de dessin, je m'étais installé au fond de la classe pour une lire une bande dessinée, l'album 'Arabesque' des tuniques bleues, qu'un ami m'avait prêté, connaissant mon peu d'intérêt pour cette matière. J'étais tellement plongé dans l'histoire que je ne vis pas les signes que me faisaient les copains pour m'avertir que le professeur se dirigeait vers moi d'un air furieux. C'était un prof excentrique qui ne jurait que par des artistes tout aussi excentriques que lui. Il nous montrait régulièrement leurs oeuvres, qu'on n'aurait honnêtement pu confondre avec les gribouillis que font les maternelles, et il les expliquait longuement dans un charabia digne des rébus du père Fouras. Il m'arracha le livre des mains dans un geste ample et théâtral. Pour se donner un air, il commença à le feuilleter et le commenter, comme s'il nous donnait une leçon sur ce qu'il ne fallait surtout pas faire. Cela donnait des phrases du type : « .... Regardez ce tracé simpliste et épais... » ou bien « même les phylactères sont horribles, il n'arrive pas à se décider entre du cursif et de l'imprimé ...» et même un « ... même pas capable de respecter l'orthographe, l'auteur dira sans doute qu'il s'agit là d'une coquille... ». Le cours continua ainsi jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Le professeur retourna alors à son bureau en tenant toujours la bande dessinée en main et en continuant à maugréer ses critiques. Le seul aspect qui m'inquiétait était d'expliquer la situation au copain qui me l'avait prêté. Mon inquiétude s'arrêtait là car je savais que cela n'aurait aucune influence sur mes points. Ce professeur était tellement excentrique qu'il ne remettait pas des points mais des espèces de logogrammes. Et au fil du temps, la personne en charge d'inscrire les différentes notes dans le bulletin des élèves avait appris à composer avec cela et se contentait de mettre systématiquement seize sur vingt à tous les élèves pour le cours de dessin.
"

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 20:06  •   388

Merci pour ton texte, Patrick ! J'aime ta façon de raconter, très fluide, avec le personnage du prof tres bien brossé, j'ai vraiment pris du plaisir à cette lecture.

patrickle 01 janvier 2019 à 20:43  •   392

et j'ai fait dans l'autobiographique aussi : j'aimais pas les cours de dessin !

Fanny-146le 01 janvier 2019 à 20:53  •   397

C'est difficile d'écrire sans rien mettre du tout de soi dans un texte ! Mais... je sais lire ! ça, c'est pas autobiographique ;)

LibertEchEriele 01 janvier 2019 à 21:01  •   398

Merci à vous deux! J'ai beaucoup aimé l'exercice. Bonne soirée et j'espère qu'on remettra ça un jour

Abderianle 01 janvier 2019 à 21:44  •   401

Ah, tiens, j'ai fait un truc rapide ce matin, et la brume ambiante m'a mis dans un contexte bien différent :


" La lune allait bientôt se fondre dans la masse laiteuse d'une indigeste brume, et, penché contre le carreau froid qui ouvrait sur le jardin, Jean se prit à réfléchir à l'intérêt de la journée.
Aucun oiseau ne striait le ciel, aucun vent n'animait les herbes gelées, et aucun insecte ne se livrait à de mystiques arabesques autour d'objets dont eux seuls saisissaient l'intérêt. Avec tant de vide, que faudrait-il encore faire cet hiver ? Sortir, aller travailler, rencontrer du monde, débusquer la vie dans des cafés bondés d'alcools et de caféine, sillonner des capitales dans la chaleur malsaines des métros ? Aller, pour sa culture, prendre le pouls de la civilisation et admirer les gribouillis des deshérents ? Tourner dans cent quartiers ou cent cités et s'ouvrir aux joies des horizons inconnus, aux religions méconnues, aux pratiquants trop hâtivement jugés ? Fendre le pavé aux côtés d'un Juif armé d'un phylactère, battre le trottoir avec un Tunisien coiffé de sa chéchia, vouloir comprendre l'essence du monde au bras d'un sage vaudou, qui déchiffrerait l'énigme de Mawu ?
Jean chassa avec dégoût ces futilités ridicules. Il pouvait bien les laisser aux autres. Aux si nombreux, si pressés de faire gonfler les alvéoles toxiques des villes, si heureux de courir après l'atroce diesel des bus et des taxis, si épanouis par les odeurs artificielles des commerçants, et peut-être si hypnotisés par les rébus lumineux qu'offraient les enseignes, les publicités et les diverses campagnes entièrement livrées à l'attention morbide des passants. Passants gravides de ne point penser, d'être prompts à consommer, d'être heureux d'échanger banalités et toxicités...
Pourtant, plus ces pensées s'installaient, plus ces pensées lui résistaient, plus il s'interrogeait sur le bien-fondé de sa condition. N'est-ce pas un signe de l'inconscient consistant à lui montrer une autre vie ? Il était là, perdu dans une maison, solitaire et rongée par les emportements du climat, où aux quatre mois de la poésie des fleurs et de l'insousciance des êtres succédaient huit autres moments de douleur et d'épuisement. Et ce cycle revenait, entêtant, ce tracé obstinément circulaire de la Nature qui faisait et refaisait sans cesse. Peut-être, peut-être que le réchauffement climatique aura du bon. Peut-être qu'on aura des années terribles, des années apocalyptiques, mais des années avec des événements.
Car au fond, il se lassait de son carreau froid comme un mort se lasserait de son tombeau au bout d'une éternité. Il s'était lassé de la ville et avait quitté ses rares amitiés pour se composer une vie "au grand air", dans l'espoir de conserver un peu de sa santé et vivre ainsi plus vieux, loin des conflits chimiques et sociaux des urbanisés. Qu'avait-il cependant gagné ?
Les lèvres crispées dans une moue sinistre, il quitta du regard ce lopin comminatoire et s'affala dans un sofa éculé. Machinalement, il alluma la TV. C'était peut-être ici que résidait vraiment le paradis, le moment clos et serein où les événements survenaient un peu au hasard, où il y avait du soleil quand il faisait froid, où il y avait des étoiles par temps de brume, où l'on trouvait des choses à faire dans l'insipidité de la neige. Actuellement, il y avait un reportage sur la Chine, et l'on voyait un quartier bondé de commerces et de logogrammes colorés, avec ses lanternes qui battaient au vent et cet air sérieux et affairé des passants.
Jean eut alors quelque idée. Pourquoi ne pas se mettre à apprendre une autre langue ? On s'expose moins aux tracas du monde, et l'on a quand même l'occassion, si ce n'est de voir, mais au moins de découvrir de nouveaux horizons. Il prit un calepin d'un tiroir voisin et, dans une graphie cursive vaguement illuminée, nota l'idée, ainsi que quelques suggestions de dialectes. D'ailleurs, puisqu'il avait courageusement renoncé au monde du travail, puisqu'il était seul et parfaitement reclus, pourquoi ne donnerait-il pas de son temps à quelque quête de haute envergure ? Comme soudain un indice suprême, il avisa une coquille sur sa page : par un étrange jeu du sort, il avait noté "Rongo" au lieu de "Longo", un auteur italien qu'il aimerait traduire. Voilà, voilà de quoi passer l'hiver : s'ateller à un déchiffrement épique ! Au diable l'italien, il fallait viser plus loin. Être plus ambitieux !
Mais... n'allait pas falloir des livres et des documents pour y parvenir ? Internet y suffirait-il, ou allait-il devoir... sortir ?

La seule idée le terrorisa. Il froissa son papier, visa sa corbeille qu'il manqua largement, et zappa, serrant contre lui un coussin qui s'était blotti contre son sein."

Lira qui pourra ^^
(et pardonnez mes fautes ou un oubli de mot, je me suis oisivement dispensé de relire)

LibertEchEriele 01 janvier 2019 à 22:07  •   406

Je trouve ton TRUC très bon, surtout si tu l'as écrit aussi vite

Abderianle 01 janvier 2019 à 22:25  •   407

Merci. Je tiens en effet à éclaircir un fait, au cas où d'aucuns s'interrogeraient, je ne réfléchis jamais à ce que j'écris et à ce que je tape. C'est, vous le verrez sûrement, un problème, mais j'imagine qu'il peut y avoir des hasards heureux. Tiens, juste pour l'hymne à Queneau, je m'amuse à un autre truc :

"Avion écrasé. Dans les dunes, chaleur meurtrissante, rébus du vent qui fait onduler le sable, qui recompose les dunes. Tracé cursif, comme des SOS secrets. Indéchiffrables. Là-bas, mirage, oasis, peut-être le logogramme d'une civilisation elle aussi disparue. Aucun signe de vie. Le survivant marche, marche, et remâche. Blessé, il saigne. Derrière lui, son sang forme le dernier tracé de sa vie. Il sent qu'il ne vaincra pas. Le désert aura raison de sa pauvre coquille : os bientôt blanchis, ceints d'un phylactère de quartz dansant, et peut-être de quelques mâchoires de charognards. Belles arabesques pour ces mouvements post-mortem. La sueur l'aveugle, il s'essuie avec sa chemise. Dans sa poche, il sent un papier. Il l'extrait. Un stylo, pris du pantalon, il veut écrire quelque chose, un message, son nom, le nom de sa femme, si on le retrouve un jour, mais l'encre est sèche. Seul un gribouillis en sort. Borborygme.
Fin."

patrickle 01 janvier 2019 à 22:33  •   408

effectivement, c'est du costaud (et cette fois-ci, j'ai tout lu :) )

Abderianle 01 janvier 2019 à 22:53  •   411

lol ! (moi aussi ^^)

P.S. : J'affectionne fort peu la littérature moderne, car elle est à ce titre terriblement facile. Mais au moins, elle ôte le temps de la frappe, donc c'est au moins un pari capitaliste gagnant ^^.

Fanny-146le 02 janvier 2019 à 06:20  •   417

Merci pour tes textes, Abderian. J'ai aimé les deux !

Aurelle 02 janvier 2019 à 15:54  •   423

Hello !

Je ne lis pas vos contributions, car je vais essayer de participer avant le 13.
Je dis bien "essayer" car ma propension au retard est proverbiale (si si), et la période chargée de mon côté...
Ne m'attendez pas non plus si vous souhaitez lancer une seconde session. Je m'adapterai. 😉

Fanny-146le 02 janvier 2019 à 16:52  •   427

Salut Aurel !

Ce serait chouette, une contribution de plus ! Et du coup, je pense qu'on va laisser tomber l'idée d'une date-butoir, qu'on n'a déjà pas respectée de toutes façons ! Le sujet disparaîtra de lui-même dans les profondeurs du forum quand plus personne ne s'y intéressera, et peut-être effectivement qu'il sera remplacé par un autre.

LibertEchEriele 02 janvier 2019 à 16:55  •   428

Allez, pour Aurel, hip hip hip

Abderianle 02 janvier 2019 à 19:52  •   443

Hourra !

patrickle 02 janvier 2019 à 23:53  •   456

on peut déjà dire qu'il y aura au moins 10 mots qui seront les même.

patrickle 17 janvier 2019 à 00:19  •   1039

je propose que quelqu'un rejette 10 mots en pature...

Kalimaliciale 17 janvier 2019 à 01:08  •   1044

Je veux bien m'y coller ^^ Que diriez vous de :
palissade, émulsion, pérenne, stase, teinte, nuage, silice, plénitude, affres, millenials.

patrickle 17 janvier 2019 à 09:30  •   1052

yyyeeaaahhh, le défini me parait sympa.

Kalimaliciale 17 janvier 2019 à 13:13  •   1070

J'attends l'aval des autres pour définir une date butoir peut-être?

Abderianle 17 janvier 2019 à 15:31  •   1093

Moi je suis d'accord ! Mais ne pourrais-tu pas créer un nouveau sujet pour améliorer la lisibilité et étoffer le nombre de lignes ? ^^

Kalimaliciale 17 janvier 2019 à 15:47  •   1099

Alors minute, que je m'y emploie ^^.


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