La pieuvre (poème pour celleux à qui cela pourrait parler)

J'ondule doucement dans l'eau de mon bocal
C'est ainsi que je vis depuis ma tendre enfance
Amère sensation d'être sans point focal
Coupé de relations au gré de mes errances

Au travers de la vitre j'observe l'univers
Essayant de saisir le sens de ce chaos
Malgré la transparence de la paroi de verre
Tout n'est que vacuité, je ne vois rien là-haut

Cessant de rechercher en dehors de ma bulle
Me détourne du verre et croise le regard
D'un être comme moi doté de tentacules
Lumineuse rencontre qui n'est due au hasard

Ses mots résonnent en moi comme une mélodie
Un lointain souvenir comme une mélopée
Qui chante les louanges des relations poly
Et réveill' en mon coeur promesses d'une épopée

Sa prosodie me berce et m'invite à rejoindre
Dans un duo lyrique cet échange céleste
Au diable la distance l'affection n'est en moindre
Fi normes attendues ! Osons chanson de geste !

Lors tout éloignement n'est que de temps question
La pieuvre ma semblable fait quelques pas vers moi
Et de ses tentacules au lieu d'une prison
Fait un moelleux écrin où je fonds en émoi

Un entremêlement de folles tentacules
Exprime notre joie d'être ainsi réunis
Et bien malin celui qui prenant du recul
Saurait précisément dire ce qui est à qui !

J'ai découvert ainsi que l'eau de mon bocal
N'est ni une prison ni vide galaxie
Mais empli de mes astres mes pieuvres mes égales
Le lieu d'un univers source d'ataraxie

Eric M., le 22/11/2022 à 18h00