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- Isabelle stengers - une autre science est possible !
J'avoue que je ne savais pas trop dans quelle catégorie placer ça.
Isabelle Stengers, philosophe des sciences, théoricienne de l'altermondialisme, parle de science, des sciences, de philo, d'histoire, d'histoire des sciences, de politique, de lutte, de la Zad, des ruines qui nous attendent et dans lesquelles bientôt nous vivrons.
Une autre science est possible est évidemment pompé sur un autre monde est possible.
Une science qui défie le scientisme, qui ne se contente pas d'empirisme, qui remet en cause cette situation "normale", dans le sens acceptée comme seule évidence, où la science n'est pas autonome mais assujettie à l'état et la technique, au progrès socio-économique, asservie aux intérêts et à l'innovation. Liée à la poule aux oeufs d'or apparue avec l'air industriel. Où les industriels s'en emparent avec les conséquences que l'on connait. Où les gens, les citoyens, la masse, en est exclus.
Elle revient sur la coopération et l'intelligence collective des chercheurs. Celles qui se noient dans les conflits au lieu de discuter les controverses à cause du "business as usuel" qui fait plus confiance aux chargés de com et à l'économie de la promesse plutôt qu'aux scientifiques qui en collégiale recherche de bonne foi l'objectivité.
J'aime bien son idée que l'objectivité, c'est la possibilité de répondre aux objections.
Elle revient aussi sur la diversité des sciences. Il y a diverses définitions de 'science' mais pas de définition scientifique de la science. Elle propose la pertinence comme moyen de les relier, de trouver un dénominateur commun, de la physique aux sciences anthropologiques. Apprendre de ce quoi nous avons affaire, remettre en question les réponses que nous attendions dans ce que nous obtenons. Basta l'autorité scientifique et les catégorisations écrites à l'avance.
Deux exemples où la recherche de connaissances ne se fait pas de la même façon mais appartient au domaine de la pertinence : les gens compétents peuvent affirmer que le neutrino a une masse, l'expérience l'a montré. Un chamane s'est senti autorisé à interpréter ce que voulaient les blancs en interprétant son peuple avec leur bagage occidental, et en reverser le truc a apporté des connaissances aux blancs qu'ils n'auraient jamais imaginées. Ce sont deux réussites scientifiques aussi différentes que le sont un neutrino d'un chamane. Seul trait commun, la pertinence de l'accès à la connaissance.
Ce qui tue la science, c'est non plus une demande de pertinence de la science mais une exigence de pertinence du scientifique de la part du 'business as usuel'.
Alors, créer des relations qui permettent la connaissance s'oppose à l'injonction habituelle d'une avancée de la science coûte que coûte, celle qui ne se rend pas compte des conséquences néfastes éventuelles. Opposer les recherches qui prennent leur temps à la conquête effrénée du savoir.
La nécessité de ralentir. Une culture de la sensibilité et de l'hésitation en opposition à la mobilisation (au sens militaires) des scientifiques.
Une sensibilité au négligeable qui finalement pourrait compter. L'art de faire attention.
Tout son cheminement philosophico-scientifico-politique tend à chercher comment allons-nous survivre dans les ruines qui nous attendent en tenant la barbarie à distance. Les généralités ne marchent pas dans les ruines, à chaque pas nous devons faire attention. Toute simplification est dangereuse.
Créer des situations où les chercheurs entrent en relation avec les non-chercheurs pour inventer une science qui pourrait nous aider à vivre dans les ruines, des vies dignes d'être vécues, construire des savoirs dignes des problèmes qui se poseront dans les ruines et qui ne se posent pas dans les laboratoires.
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Pour revenir sur le scientisme, j'aime bien ce court échange qui fait un parallèle entre scientisme et religion (@Clive, ça rejoint ce que tu disais sur un autre fil). Et qui parle de combattre le scientisme grace à la méthode scientifique.
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Hello @paradox,
Ah bah bravo. Pile quand je veux prendre de la distance avec Apie et où je me cale un week-end en vadrouille déconnectée, tu me branches sur ce sujet-là. Je ne te remercie pas. 😛
Blague à part. La science, ça marche. Indubitablement. Mais la science est et reste une démarche, un état d'esprit, qui demande énormément d'humilité, de conscience de ses limites, de ses biais. Or la science a été portée aux nues, et le scientifique comme seul détenteur du savoir authentique et validé. Hélas le scientifique, comme tout humain, a ses limites, ses failles, ses manquements. Ses besoins de croyances, de mythes. Son besoin de se construire une représentation du monde costaude, cohérente. Son récit, avec un début, une fin, une logique.
À sa décharge, on vit une complexification du monde sans précédent, et qui grandit à un rythme exponentiel. Il y a "juste" quelques siècles de cela, le scientifique pouvait être médecin et historien et physicien et astronome et... aujourd'hui, ce serait injouable. Mais, ce "scientifique" était aussi parfois poète, écrivain, artiste, peintre, créateur... Et philosophe, religieux, alchimiste, ésotérique. Aujourd'hui, on a, plus qu'une segmentation. Une guerre des gangs, où il faut choisir son camp, et défoncer (du calme, juste sur un plan intellectuel) le camp d'en face.
C'est bien triste, car, de tous temps, la science ne pouvait et ne peut répondre qu'à la question du "comment", pas celle du "pourquoi". Et, qu'aujourd'hui plus que jamais, le "pourquoi" est l'enjeu le plus prégnant ; la quête du "progrès technique comme seule finalité et comme seule réponse à lui-même" ça ne marche pas, et j'ose croire que beaucoup de scientifiques l'ont compris.
Pour comprendre la science, il est nécessaire de comprendre l'histoire et les évolutions sociologiques.
Le problème est la complexité lorsqu'on regarde cela à l'échelle de la planète. Il y a en plus des biais naturels, par exemple la propention à voir l'histoire depuis sa fenêtre plutôt que globalement.
A partir de là, on pourra voir de quelles sciences l'humanité a besoin, etc. Ca vient petit à petit, mais c'est très lent.
@Kobayashi,
A mon sens, il ne s'agit pas de "comprendre" la science. Je veux dire, enfin je l'ai dit, la science, ça marche, et ça marche plutôt très bien, il n'y a aucun souci là-dessus.
Mais la science reste un découpage de la "réalité", forcément incomplet. Croire qu'elle comprend tout, permet de tout comprendre et de tout savoir, c'est nier sa nature-même.
"Je sais, que je ne sais rien."
Les avancées de la science, font que parfois, une question à laquelle on répond, en ouvre dix, ving, cent autres.
Et l'être humain n'est pas une "machine" scientifique.
Et tu parles d'histoire, de sociologie... sont-ce des sciences ? Je n'en suis pas spécialement convaincu. La morale, la religion, la spiritualité ? L'art ?
La science a un niveau tel que l'on peut faire mumuse avec des atomes. Envoyer des engins sur la Lune. Cloner des êtres vivants. Oui, certes. Mais l'humanité est toujours un éternel sale gosse, qui continue de reproduire les mêmes erreurs. Il y a toujours des gens imbus de pouvoir, d'eux-même. Il y a toujours des gens qui ne choisissent pas, ne font pas la démarche de se connaître eux-mêmes. Il y a toujours des gens qui prendront un flingue pour aller combattre un "camp adverse". Ce n'est pas une histoire de science. Et non, la science n'a pas réponse à cela. Car la science, est et reste un outil.
D'accord avec vous deux deux, @Clive et @Kobayashi. Mais il me semble que Stengers tente de pousser ces réfléxions le plus loin possible.
Cette recherche d'équilibre entre science et intuition, savoir et expérience, chercheurs et vivants.
Ce que propose Stengers n'est pas une analyse, une vision de son point de vue, c'est une recherche de la suite, de qu'est-ce qu'on fait de tout ça, du savoir, de l'analyse froide, à quoi ça sert ? On fait quoi avec tout ça, on fait comment avec tout ça.
En vrai, personnellement, pragmatique comme je suis, à quoi ça sert de cogiter si c'est pas pour en faire quelque chose ?
Stengers offre des pistes, permet de cogiter vers un mieux, de se retrousser les manches vers une expérience qui démontre ce qu'on l'on avait imaginer. Ou pas, et alors on cherche autre chose.
C'est ce à quoi la science tente de parvenir. Mais il est temps de proposer ça au niveau social. Cogiter, expérimenter, esaai et erreur, correction, etc.
La vie sociale en tant qu'expérimention scientifique. L'expérience en tant que base d'une nouvelle vie sociale.
Hou hou ! Le vingtième sciècle est terminé !
Intéressant tout ça. Je vais donner deux exemples historiques.
Louis XIV avait institué une présentation des inventions, qui a donné avec Colbert l'académie des sciences, et la suite que l'on connait aujourd'hui. La première démonstration de l'électricité eu lieu devant Louis XIV.
On parle beaucoup de physique ou d'électronique quantique en ce moment. Cependant, nous avons déjà plein de phénomènes quantiques dans nos appareils, notamment depuis l'invention du transistor et celui du laser, deux applications directes de la physique quantique.
Le transistor à totalement bouleversé le monde, avec sa digitalisation que nous connaissons en ce moment, par ce forum même 😉 .
La science n'est rien sans la société. On pourrait voir cela sur des civilisations passées, qui ont changée ou périclitées.
La 'normalisation' est un phénomène de société. A ce sujet, je vous recommande les conférences d'Aurélien Barrau sur Youtube.
Pour faire court, la science connue est celle qui a un usage pour le plus grand nombre, si possible pour le bien commun.
Aaaah ! Cool Ce fil de discussion !!
Je plussoie je plussois !!
@Clive, je n'aurai pas dit mieux ! "la science comme nouvelle religion..."
(tu as quand même réussi à faire ton escapade ?! 😄 )
@paradox, si je devais nommer une scientifique pour illustrer une certaine épistémologie, je nommerai "Isabelle Stengers" !!
Quant à la science et l'histoire... je renvoie à Foucault, qui a théorisé le concept de contexte historique à la démarche scientifique.
Vous-souvenez vous quand les "scientifiques" voulaient démontrer la supériorité de la "race blanche" dans l'entre-2 guerres ?!
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