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Club de lecture : littérature générale

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Club de lecture : littérature générale
Myettele 17 mars 2024 à 10:12

Ton absence n'est que ténèbres
de Jon Kalman Stefansson
Voilà ma dernière lecture. J'ai trouvé ce roman dans ma petite librairie, il était mis en avant, sorti des rangs, en format poche folio. Vous savez, ces rencontres qui se font dans les rayons entre un livre et vous, ces petits moments qu'on pourrait qualifier de magique parce que c'est un peu irrationnel, pas du tout prémédité, pensé. C'est pas à tous les coups très heureux mais pour le coup avec çui-ci, c'est une belle rencontre.
Cet auteur est Islandais. Je n'en ai jamais entendu parler. Le titre n'était pas nécessairement accrocheur, pourtant je pars avec parce que je sens presque une nécessité de le prendre.
J'ai adoré lire ce roman. Au début, c'est un peu compliqué d'y rentrer. La construction apparait comme chaotique, c'est un peu difficile de retenir les prénoms des personnages (parce que je ne suis pas très douée pour retenir les prénoms islandais). Pourtant, je me laisse prendre par le style très particulier de l'auteur ou en tout cas par la traduction du style. En fait, une journaliste a parlé de puzzle pour décrire ce qui est raconté, et c'est tout à fait ça. Il faut le lire comme on fait un puzzle et on voit arriver peu à peu l'image qui s'écrit.
Dans ce livre, c'est l'ambiance émotionnelle qui m'a profondément touchée. C'est un flot de tendresse à chaque coin de lignes mais ce n'est pas la tendresse mièvre, c'est la tendresse à l'état brut, la tendresse primitive, primordiale, archaïque qui recouvre notre condition humaine. Une tendresse oubliée par nos cultures, une tendresse bestiale. Elle suinte de partout. J'ai adoré me plonger dans cette ambiance.
C'est de ces livres qu'on n'a pas envie de refermer mais dont on peut garder en soi ce sursaut émotionnel que ça crée, garder ce lien avec cette tendresse là enfouie en soi et revivifiée par cette lecture parce qu'elle aide à vivre.

Marvinale 17 mars 2024 à 14:59  •   111723

Merci... j apprécie beaucoup les auteurs islandais

Rothle 17 mars 2024 à 15:55  •   111728

Extrêmement fort et incroyablement près
de Jonathan Safran Foer

@Myette:
je n'ai pas lu ton roman.
Ni celui-ci en fait...
Pourtant ce que tu évoques me fait immédiatement penser à ce livre-ci
J'ai vu l'adaptation en film, j'ai parcouru le roman (en attendant sans doute de lire un jour), curieux de voir comment ils avaient pu adapter le livre.
Je pense que ce qui suit doit être assez fidèle au livre, sans en toucher forcément précisément l'esprit, et pour cause.

Il y a aussi un côté puzzle:
- dans la structure du livre déjà, inhabituelle, avec des pages blanches, des mises en pages particulières, des photos etc ...

- dans le récit ensuite.
D'un côté il a un coming of age condensé, qui concerne le principal protagoniste du roman, un enfant de 8 ans ou 9 ans, Oskar et prend la forme d'un jeu de piste, une sorte de quête initatique, de road movie.
Ensuite, en parallèle se dévoile une autre histoire, familiale celle-ci, à la fois distincte et liée à celle l'enfant essaye de retracer

Si le livre est comme le film, il y a plusieurs degrés de lecture du récit, si bien qu'on peut ressortir de celui-ci avec une compréhension totalement différente d'un autre lecteur / spectateur.
Pour la petite histoire: après avoir vu le film, j'étais allé voir les commentaires qui en étaient faits.
Il en est ressorti que la plupart des gens étaient passés à côté de tout un pan de la spécificité d'Oskar. Et que même quand ils étaient proches, il y avait toujours un certain nombre de choses qu'ils semblaient ne pas avoir compris, ou ne pas en avoir vu l'importance, ou la spécificité, ou la raison.
Et /ou ils avaient un degré de lecture du film, en ne voyant pas les autres (de mémoire, c'est un film 3 en 1 ou 4 en 1, à savoir qu'il y avait 3 ou 4 degrés de lecture au récit, qui s'étalaient tout le long du film et s'interpénétraient, de sorte qu'on pouvait très bien avoir vu le film sous un certain angle, avoir un avis sous cet angle, qui se retrouvait totalement biaisé par la non perception des autres degrés.
J'imagine que dans le bouquin c'est encore plus développé. Mais que c'est peut-être aussi plus manifeste, du fait que certains degrés ne s'expriment dans un film que sensoriellement - vue, ouïe -, quand dans un livre l'auteur est bien obligé d'en faire la description; ce n'est alors pas au lecteur de remarquer tel ou tel point, à la limite il peut juste ne pas en comprendre le sens ou la logique, mais le travail de découverte, de perception, est en quelque sorte pré-mâché.

Le petit Oskar est a priori TSA à tendance HPI, ou HPI à traits autistiques patents.
Je n'ai pas eu de sentiment d'identification au visionnage. Par contre, je crois que c'est sans doute un des seuls, si ce n'est le seul film, ou je suis ressorti en ayant eu le sentiment d'avoir compris et vu 100% de ce qui se passait, d'avoir été en empathie totale avec tout ce qui se passait sous mes yeux tout le long du film (et j'en suis ressorti vidé, forcément, ayant vraiment "vécu" le film).
C'est d'ailleurs aussi pour ça que je suis allé voir les commentaires ensuite.
Qui m'ont il faut bien l'avouer laissé dans un profond désarroi et une forme de frustration, tellement dans l'ensemble ça me donnait l'impression que les gens ne comprenaient pas le protagoniste et/ou l'histoire, soit globalement, soit dans certaines des actions ou pensées, des idées ou notions soulevées. Et que par la même occasion, plusieurs des degrés de lectures n'étaient tout simplement même pas perçus.
J'ai revu le film par la suite, et je n'ai pas été capable d'avoir une empathie aussi poussée avec le film. Si bien que j'ai bien senti que des trucs qui m'avaient percuté immédiatement la première fois, me paraissaient plus flous, moins marqués par le sens (alors que si, c'est juste qu'au cours de ce visionnage-ci je ne le percevais pas, en tout cas pas comme la première fois).

Au niveau émotionnel, comme dans ton roman, c'est assez fort.
Et d'autant plus que l'absence d'émotion se bouscule ou se mêle avec le trop plein d'émotion. Que de l'absence d'émotion surgit parfois, de la part de l'environnement de certains personnages, ou de la part du lecteur / spectateur, beaucoup d'émotion.
Que la petite histoire s'entrechoque avec la grande Histoire.

thèmes ( dans le désordre):
coming of age
récit initiatique
temps
famille
deuil
atypisme
Histoire (en creux ou directement, 2 événements ou périodes de l'Histoire sont convoqués et teintent le récit).

Globalement, je pense que l'on pourrait prendre tout ton deuxième paragraphe, pour décrire ce livre. D'où ce message ...

Pour quelqu'un qui n'a pas lu le livre, j'en ai quand même écrit une belle tartine, en évitant tout élément qui spoile
Le seul point éclairant évoqué, tient à la nature très spécifique d'Oskar, dont on se rend très vite compte dans le film et sans doute tout aussi vite dans le roman).

Myettele 17 mars 2024 à 16:06  •   111730

@Roth : ah flûte ! Du coup, je ne sais pas si j'ai envie de voir le film ou lire le livre que tu proposes mais en tout cas, ça donne envie.

Rothle 17 mars 2024 à 16:14  •   111731

@Myette

ça montre aussi que sur la base d'une trame d'éléments similaires (puzzle, style, rendu visuel, difficulté à rentrer dans l'histoire, le côté émotionnel) etc, on peut avoir un rendu global totalement différent.
Avec de la laine verte, blanche et rouge, ou tu fais un drapeau italien, ou un pull de Noël, ou un pantalon rayé.

Myettele 17 mars 2024 à 16:27  •   111733

Oui, en effet. Un rendu différent et un reçu tout aussi différent. Un auteur m'a un jour dit, qu'une fois écrit le livre lui échappait complètement. Que parfois les lecteurs y trouvaient bien plus que lui n'avait cru y mettre. Ça doit être assez désarmant.

Si j'aime parler des bouquins que je lis, je me demande toujours quel peut en être l'intérêt pour les autres car je suis quasi certaine qu'aucun n'y trouvera ce que j'y trouve. Je crois qu'on ne voit dans les écrits que quelque chose de très subjectif. C'est peut-être un peu le mystère de la créativité, c'est d'offrir au monde un kaléidoscope explicatif de ce que chacun porte en lui. Quand je lis certaines critiques sur des bouquins que j'ai lus, je reste comme une poule devant un couteau quand c'est une approche académique genre explication de texte. Ce n'est jamais ça qui me donne envie de lire le livre. Je n'écoute plus les émissions littéraires, ça me donnait tout le temps envie de lire des livres, que je lisais mais qui me décevaient pratiquement toujours.
J'aime bien les rencontres hasardeuses avec les livres dans les librairies.

Nuitetoileele 03 avril 2024 à 14:09  •   112563

Bonjour, petite contribution de ma part, avec les deux derniers romans que j'ai lus.
Ils font partie d'un catégorie très à part, dont j'ai pris conscience de l'existence il y a quelques semaines seulement : le roman de terroir. J'en avais déjà lu beaucoup sans savoir exactement que c'en étaient 😅

Premièrement il y a La fête des écoles de Georges Coulonges. Acheté un peu au hasard en faisant un gros lot de livres sur Vinted, la couverture et le titre me plaisaient bien.
Ca se passe à la fin du 19e siècle et c'est inspiré d'une histoire vraie (donc je ne sais pas trop si on peut classer ça en roman historique ?).
Résumé : "Fin du XIXe siècle. Adeline Bézian quitte l'école normale de Rodez heureuse d'être nommée institutrice mais triste de se séparer de son premier amour à peine entrevu, Élie Chabrol. Affectée dans un village de l'Aveyron, elle se trouve en butte à l'hostilité du maire, prêt à faire bâtir une école pour les garçons mais n'en voyant pas l'utilité pour les filles ("On n'a pas besoin d'instruction pour faire aller son ménage...), et à la virulence du curé, qui fustige en chaire les tenants de "l'école sans Dieu".
Adeline, désorientée, épouse Alphonse, instituteur également, dont elle espère le soutien. Mais le destin lui fait croiser une nouvelle fois le chemin d'Élie. Adeline doit se battre pour ne pas céder à cet amour interdit. La fête des écoles qu'elle rêvait d'organiser aura-t-elle bien lieu ?"

Et ensuite il y a Les cinq filles du Grand-Barrail de Geneviève Callerot. Trouvé dans une bouquinerie à Bordeaux.
Résumé : "Les Minaud sont métayers au Grand-Barrail depuis des générations. Juanna s'y installe en 1911, après son mariage avec Alexandre. Elle lui donne cinq filles : Lucile, Valentine, Renée, Yvette et Yolande. Gazé pendant la guerre, Alexandre meurt en 1927, au matin de la naissance de Guynemer, le fils tant attendu... La famille éclate.
Cinq récits, chacun se rattachant à l'une des filles, retracent la vie de cette famille. Ces chroniques peuvent se lire comme autant de nouvelles indépendantes, cependant Geneviève Callerot sait distiller peu à peu de nouvelles informations et chaque récit en apprend un peu plus sur les autres, tricotant avec talent le destin des Minaud.
Elle nous livre ainsi un vrai document sur le pays, les travaux et les jours, à travers la destinée de chacune des cinq filles et piège son lecteur dans une intrigue en étoile, s'affirmant comme une vraie romancière. "
Vers les cinq heures, Lucile embrassait son monde et remontait à son chez elle, qui était pour la jeune femme plus beau que tous les palais des rois. Elle ranimait le feu et faisait son petit souper tout en soignant ses lapins, rentrant son linge, inspectant son jardin, l'arrosant s'il y avait lieu. A la nuit, Emile rentrait. [.] Ils soupaient, tous deux, heureux comme personne. " "

J'aime beaucoup les romans de terroir. Chaque page est un voyage dans le temps, aux antipodes du monde moderne que je déteste tant. A la lecture, je m'imagine sans peine héroïne de ces intrigues rurales, en compagnie d'anciennement mon bien-aimé, devenu ami imaginaire. Je m'étonne de ces expressions locales inconnues, dont je finis par capter le sens au fil de la lecture et des occurrences, et me délecte de tous ces termes délicieusement pudiques et désuets qui font le charme du parler de l'ancien temps. Parfois, il m'arrive de verser une larme en ressentant la peine d'un protagoniste (oui je suis très émotive). Et surtout je m'imprègne et m'émerveille de ces traditions oubliées dont je n'avais jamais entendu parler. J'ai d'ailleurs remarqué qu'un grand nombre d'intrigues de romans de terroir prend place dans le Sud (ou Sud Ouest), Dordogne, Aveyron, etc !

Sinon, après ces lectures paysannes, je suis en ce moment sur Blonde ou Brune ? de Tyne O'Connell, un roman qui est un parfait représentant de la littérature de pétasse comme j'aime bien appeller ça 😂 Des histoires superficielles de bourgeoises new-yorkaises ou londoniennes tout aussi superficielles et qui aiment trop le shopping, qui rencontrent des plays-boys ultra stéréotypés pour des histoires d'amour qui ne durent pas. Vous voyez le genre 😂 Mais j'aime bien les choses plus légères, qui ne demandent pas de réflexion, et pour leur côté humoristique.

Myettele 03 avril 2024 à 16:30  •   112571

@Nuitetoilee : 👍
Merci pour ta participation.
Mon père lisait beaucoup de livres de terroir et quand je lui demandais s'il n'avait pas envie de découvrir des lieux et personnages différents de ceux qu'ils connaissaient, il me répondait : j'aime bien les livres qui parlent de nous. C'était pour lui, une forme de reconnaissance de qui ils étaient, ces gens du terroir qu'on ne regardait que comme des cartes postales de "l'authentique" qu'on regarde de loin.

Sauvage
de Jamey Bradbury :
Je découvre là un nouveau genre, le réalisme magique. "C'est quand c'est réel avec un truc chelou au milieu" pour l'expliquer avec les mots de ma fille.
L'histoire se passe avec les mushers de l'Alaska. Le thème est en quelque sorte une empathie augmentée.
J'ai pas été fan. J'aimais pas l'ambiance. En plus je crois que je suis ringarde avec les styles littéraires. J'aime bien quand les phrases sont bien faites et là c'est un style où on dirait une pensée qui raconte et s'écrit mais sans l'effort de la rédaction. Ma fille aime bien, moi pas vraiment.


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