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Et si on se racontait des histoires ?

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Et si on se racontait des histoires ?
DomDieselle 10 juillet 2025 à 07:36

Salut tou(te)s,

Et si on écrivait chacun une petite histoire, une nouvelle, une petite fiction à l'eau de rose sympa,...?
Allez zou, je me lance... j'espère lire les vôtres très bientôt ...

SARAH
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C'était l'époque où ma carrière commençait tout doucement à décoller, peu de temps après ma sortie de l'Académie.

J'avais pris l'habitude de débuter ma journée par une balade sur ma vieille Kawasaki, avalant les kilomètres sans forcer, profitant du long ruban gris et sinueux qui se déroulait devant moi pour me vider l'esprit et éveiller l'inspiration.

C'est ainsi qu'un jour, j'ai découvert la Commune, perdue au bout d'un chemin de terre, faite de planches malhabilement assemblées et peintes de couleurs criardes.

Peuplé de gens simples et souriants, aux cheveux longs, aux jeans un peu crasseux et aux guitares désaccordées, cet endroit était le plus paisible que j'aie jamais connu.

La première fois que je m'y suis arrêté, un grand barbu blond comme les blés, souriant de toutes ses dents et aux yeux emplis de bienveillance, était venu me souhaiter la bienvenue, un petit bouquet de fleurs des champs à la main.

Benjamin, ou plutôt Ben, était un homme bien bâti, d'une quarantaine d'années qui avait tout quitté du jour au lendemain, fatigué et usé par son travail d'esclave, par cette servitude abrutissante qui le tuait à petit feu.

Il me présenta aux autres : Joerik, tout droit sorti de sa Zélande natale, à l'accent à couper au couteau ; Didier, gros bruxellois rigolard aux yeux malicieux ; Isa, française un peu hautaine à la moue boudeuse et toute la bande de flower's children fuyant cette vie étouffante qu'on avait voulu leur imposer.

Ils survivaient en cultivant des légumes, filant la laine de leurs moutons, faisant du fromage du lait de leurs brebis et de leurs chèvres, revendant le surplus sur les marchés locaux, faisant la manche en grattant leurs guitares et en fredonnant des chansons pacifistes à deux balles.

J'avais alors pris l'habitude de leur rendre visite, aidant à droite et à gauche, clouant des planches sur leur bicoques, bêchant une parcelle de terre pour y planter des tomates ou des carottes...

Le soir, on se retrouvait autour d'un feu de camp, on parlait, on riait, on chantait ; c'était un moment privilégié de ma vie où je pouvait goûter au bonheur réconfortant d'une amitié sincère et chaleureuse.

L'automne approchait, on coupait du bois en prévision des frimas, on entassait des provisions dans les placards, on nettoyait les couvertures de laine grossière.

Je continuais à faire quotidiennement cette route, partageant mon temps entre mes peintures et ce village utopique auquel je m'étais si pronfondément attaché.
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Ce matin là, en descendant de ma moto, je l'ai vue, petite silhouette fine et divinement proportionnée, à la tignasse rousse flamboyante et aux yeux d'un vert abyssal .

Elle arrivait d'Irlande, elle s'appelait Sarah, elle était jeune et d'une beauté que seule la liberté ou le diable peut apporter.

Le soir, à la veillée, je n'avais plus d'yeux que pour elle ; alors qu'elle chantait d'une voix angélique, le feu se reflétant, dansant, bondissant dans son regard, mes pensées prenaient un chemin que, même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais osé découvrir un jour.

Peu de temps après la fin de la soirée, nous nous sommes dirigés main dans la main vers la chambre où elle avait posé son sac.

Quand sa robe a glissé au sol, livrant son corps magnifique aux rayons blafards de la lune, j'oubliais peu à peu qui j'étais pour redevenir ce petit garçon timide, paralysé tant par mon désir que par la peur de voir s'enfuir cette sublime apparition.

Lorsqu'elle m'enlaça, son parfum, subtil mélange de vanille et de fleur d'oranger, m'enivra; ses lèvres, douces et chaudes, délicatement posée sur les miennes, avaient le goût du miel.

Ses gestes lents et mesurés me faisaient penser au vent dans un champ de fleurs multicolores.

Nous nous sommes aimés longtemps et avec tant de douceur que nous avions l'impression de ne plus toucher le sol, d'être parvenu à une dimension ultime, nos corps si intimements enlacés ne faisant plus qu'un dans cet Eden éternel.
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Le lendemain en me réveillant, je remarquai son absence, son sac avait disparu... seul le souvenir de notre étreinte me restait épinglé au coeur.
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Aujourd'hui, mes cheveux ont blanchi, mes os craquent à la moindre sollicitation et mes genoux ne sont plus bons à grand-chose.

Jamais je n'ai oublié cette nuit, son odeur, la douceur de ses mains sur ma peau et le souvenir de son regard plongé dans le mien qui fait parfois couler une larme le long de ma joue .

Je t'ai cherchée toute ma vie, jamais plus nos chemins ne se sont croisés, jamais plus je n'ai entendu ta voix cristalline, jamais plus je n'ai osé aimer comme je t'ai aimée.

Mon amour, ma Sarah.

Hinenaole 10 juillet 2025 à 19:10  •   127561

Merci pour ce quasi film. Très habile découpage en séquences. 👍 Et bien dommage que là, tout de suite, je ne puisse avoir aucune idée pour un petit scénar à glisser immédiatement à la suite. Que ce soit une histoire d'amour ou pas... En tous les cas, ce fut sympa à lire! 🙂


H.


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