Ange, démon, ou autre-chose ?

Dès ma plus tendre enfance, on m'a fait comprendre que je ne valais rien et que je n'étais qu'un nuisible. Un démon à éradiquer, ni plus ni moins. Comme j'ai grandi dans cette ambiance, j'ai développé des envies de suicide. Et à terme, j'ai essayé. J'ai quasi tout essayé. Je ne citerai pas les méthodes, mais j'en ai essayé quinze. Je suis toujours en vie, merci à "Dieu". Mais plus tard, des femmes m'ont qualifié d'ange, de porteur d'espoir et de bonheur, de messager de l'amour. Ma croyance en le fait que je sois un démon risque de me coller aux basques à vie. Mais intellectuellement, j'ai cessé de me détester. Je ne cherche plus qu'inconsciemment à mettre un terme à mes jours. C'est pénible, mais vivable. Tout ça pour poser une question très connue, l'humain est-il ange ou démon ? Selon Rousseau, nous serions des anges. Selon les misanthropes, des démons incurables. J'en profite pour élargir la notion de démon. Selon la Bible, le premier démon a été Lucifer (le porteur de lumière et l'étoile du matin) qui après s'être révolté contre l'autorité est devenu Satan (l'opposant). Et selon Tolkien, les Orcs ne sont que des elfes ayant subi des souffrances et tortures abominables. Tout ça pour dire qu'il y a une dualité entre ange et démon. L'archange Lucifer n'était pas de base mauvais. C'était même le favori de Dieu. Sa transformation en démon n'est qu'un jugement (selon les textes). Satan n'est pas un fléau. Lorsque Jésus l'a rencontré dans le désert, il lui a permis d'évoluer vers un niveau spirituel supérieur. Ce qu'il faut en comprendre est que nous avons une part "angélique", et une part "démoniaque". Et c'est un lieu commun de beaucoup de religions, affronter Satan, c'est simplement se faire face à soi-même non pas pour se vaincre, mais pour s'accepter. C'est un processus de réconciliation.
Alors, que sommes-nous ? Anges ou démons ? Aucun des deux, je pense. Ce ne sont que des définitions bibliques. Nous sommes autre-chose. Je ne dirais même pas un mélange de bien et de mal, car ces termes sont subjectifs et humains. Nous sommes perfectibles. On peut soit s'enfoncer dans la négativité, soit s'élever. Il n'existe pas vraiment de critère d'élévation. Mais je crois que l'amitié, l'amour, la parentalité et la préservation de l'espèce au-dessus de sa propre préservation sont des valeurs sûres. individuellement, nous sommes mortels. Mais l'extension de notre esprit peut perdurer bien après notre mort.