Philosophie et spiritualité

La vie en tant que conscience : finie ou infinie ?

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La vie en tant que conscience : finie ou infinie ?
Yemethzile 08 juin 2022 à 11:11

C'est le speech de Hemingway au Nobel : if he is a good enough writer he must face eternity, or the lack of it, each day.

C'est soit fini, soit infini... Les deux sont également vertigineux.

Je vais donner mon argumentation de pourquoi je pense que la vie est infinie. Cela repose sur le vide, étrangement. On a pensé que le cerveau est séparé par l'os du crâne, et que donc chaque homme est un îlot. Cependant, le progrès des sciences nous montre qu'entre chaque atome, il y a un vide. Ce vide-là, c'est le même vide qu'entre un cerveau et un autre. Donc si à l'intérieur d'un cerveau donné, le vide a le pouvoir de créer un lien ontologique, alors il y a ce même lien entre les cerveaux, conglomérés en un meta-être, doté de plusieurs perspectives.

La perspective, c'est le 2ème argument.

On a bien vu que il y a plusieurs niveaux de perspective. Que par exemple, des animaux qui ne pensent qu'à leurs instincts, en une perspective égoïste, s'organisent en organismes co-opératifs. Il y a une illusion. On est berçé d'illusions. Mon argument c'est que quand on pense que la vie n'a qu'une perspective (propre à l'individu), alors il y a encore une illusion. La vérité vraie, c'est qu'on peut être plusieurs perspectives à la fois... C'est juste que l'on l'ignore, car chaque individu est en effet un îlot par sa mémoire neuronale. Le *savoir* est divisé, mais l'existence est connectée !

Mourir, c'est en réalité semblable au simple fait de fermer un oeil... On reste conscient à travers les autres yeux, c'est juste que l'on l'ignore. (et je pense qu'on aime à l'ignorer). Je ne partage pas cette philosophie avec n'importe qui parce que je pense que c'est une difficulté existentielle de se dire que tout est connecté dans un univers auto-phagique et turbulent... Inversement, peut-être que c'est moi qui suis biaisé pour vouloir vivre toujours.

Enfin bref, 3ème argument, mathématique. Rendez-vous compte que en ce moment présent où vous me lisez, vous auriez pu être soit déjà mort (vous auriez vécu au 18è siècle par exemple), soit pas encore né. Dans la chronologie de l'univers, il se trouve qu'en ce moment-même, c'est votre moment précis à vous. Mathématiquement, c'est paradoxal. C'est comme jeter une pièce et qu'elle tombe sur la tranche. C'est d'un coté nécessaire, et d'un autre coté infiniment improbable.

Quatrième argument, c'est le paradoxe du clone. Si on me clone mes atomes de A à Z, alors pourquoi suis-je moi, et pas ce clone ? Quelle magie m'attache à un corps en particulier ? Eh bien, pour faire court, la vérité c'est qu'on est à la fois dans le 1er corps, et dans le 2ème. C'est juste qu'il y a une perspective plurielle, qui nous est infiniment dur d'imaginer, mais qui correspond à la réalité des choses.

Dans le même genre il y a le bateau de Thésée. On remplace les planches une à une d'un bateau, est-ce qu'après avoir tout changé il s'agit du même bateau ? Eh bien en vérité, le concept de "bateau" est falsifié. Il n'y a qu'une chose qui "est", d'une infinie complexité. On passe d'une forme à une autre, mais c'est ontologiquement continu. "On est les planches" avant qu'elle ne soit inséré, et on continue "d'être les planches" qui ont été enlevées. Il n'y a pas de possibilité de diviser ontologiquement, et d'où le paradoxe.

Dernier argument, c'est les malformations du cerveau. Des gens naissent avec les lobes séparés, sans pont de neurones. Est-ce que vous diriez qu'il y a une personne, ou deux personnes ? Car il y a 2 ilôts de conscience, nécessairement, contrôlant chacun leur moitié. Mais imaginons que on greffe un pont entre ces ilôts, alors on se retrouve avec une personne... Où est passé la 2ème ? Comment est-ce possible qu'on passe de 1 à 2 êtres ? Eh bien la réponse c'est que il n'y a pas lieu de "compter le nombre d'être", et en réalité il n'y a jamais plus d'un seul être, divisé en cette infinité de perspectives.

Voilà voilà. Il y a sûrement d'autres arguments, mais je vais me contenter à ça. 😛

zozottele 08 juin 2022 à 13:20  •   82233

Sauf erreur de ma part,pour Epicure, nous ne sommes qu'un amas d'atomes qui se forment.Et à notre mort,ces mêmes atomes continuent de vivre, sous une forme différente.
Tout n'est qu'aglomération d'atomes,sous une forme ou une autre.
Ça rejoint peut être ce que tu dis Yemethzi ?

Hinenaole 08 juin 2022 à 13:34  •   82234

Salut @Yemethzi

Je crois que ton développement va, ici, toucher la spiritualité des uns et les croyances religieuses des autres. La notion du Tout est un tonneau des Danaïdes qui pousse immanquablement chacun et chacune à se définir ses propres règles de perception en miroir.

Pour ma part, je suis prêt à vivre mille ans, mais ça ne passerait pas par accepter de mourrir individuellement tout en continuant à vivre dans un "collectif". Au deriner jour, l'abandon de ma perspective individuelle me semblera être une vraie perte, et pourtant je suis loin d'avoir un ego auto-centré. Je dirais que tout est en rapport de la soif de vivre de chacun(e).

Par contre, dans mon esprit vivant, je circule tout le temps avec la mémoire de ceux et celles qui sont partie (même parfois, plus rarement, des personnes que je n'ai jamais connu) et donc en ça, mon être est collectif. De toutes les façons, ce n'est pas difficile. Si on pouvait faire une radiographie de ma tête, très vite on pourrait s'apercevoir que je suis un véritable "transport en commun", car, quelque part, je me sens le devoir d'abriter en moi, et de protéger, ceux qui n'ont peut-être pas été recueillis au moment du trépas. Mais, si éventuellement je me trompais et qu'ainsi leurs existences soient en mesure de se prolonger dans une autre perspective que je partage déjà avec eux - selon ton postulat -, j'en serait infiniment heureux pour eux.

Eteinte ou vive, la vie est sacrée. j'ai eu plein de fois l'occasion de me confronter à cette singularité, de par les expéreinces du passé.

Très bonne journée à toi.
On se retrouve plus tard, dans la même dimension d'existence.


Hiné.

Merlinle 08 juin 2022 à 15:11  •   82243

Un point que je trouve intéressant est la conservation de l'information théorisée par la mécanique quantique.
Pour faire vite, je cite Wikipedia :
citation :
Ces postulats impliquent que tout état physique est représenté par une fonction d'onde, dont l'évolution dans le temps est gouvernée par l'équation de Schrödinger. Cette équation est déterministe et réversible dans le temps, et permet donc de toujours déterminer de manière univoque les états précédant un état donné. Ceci implique que l'information doit toujours être préservée, quelles que soient la complexité ou la violence des événements physiques transformant un système, même si l'information se trouve diluée et mélangée de manière indétectable.


Donc en extrapolant sur ce principe, tout ce qui a existé, existe et existera est quelque part conservé sous forme d'information dans l'univers. Bon, à part peut-être les trous noirs, mais les travaux de Hawking ont semble-t-il résolu (un peu) ce paradoxe-là.

Une interprétation mystique pourrait être que "l'information" de notre conscience serait elle aussi conservée dans l'univers, avec les différents états qu'elle a pu avoir :)

Kobayashile 13 juin 2022 à 21:32  •   82494

@Merlin, il y a une propriété souvent oubliée des états quantiques, leur briéveté et surtout le fait qu'ils se normalisent dans la masse, donc à l'échelle macroscopique. Sinon on serait tout mou et insaisissable, ainsi que tous les solides et les liquides qui nous entourent. Note monde serait indiscernable. Même le gaz, l'air que nous respirons est dans une "moyenne" quantique, de la même manière que le mouvement brownien fait que le milieu reste globalement isotrope, force de gravité / convection mises à part.

@Yemethzi la question de l'infini est effectivement une interrogation de l'artiste. Au passage, l'éternité est-elle un infini, je ne sais pas...😜 Supposons que oui.
Ce qui hante l'artiste est aussi le "non-fini", la non atteinte d'un idéal artistique, le graal ou la perfection. La capacité infinie de l'esprit trouve sa limite dans le temps de son expression, qui est lui bien fini.

Tout ceci ramène à l'ontologie de l'artiste. Tous ne sont pas conscients de leur propre ontologie, hélas. Même Dada avait son ontologie, une sorte de nihilisme artistique et pour le coup éternel, mais qui n'a pas duré.

Tout cela nous ramène au concept bien connu du temps. Qu'est-ce que le temps ? Car selon la défintion que l'on accepte, la conscience et l'infini se trouve définis.

@Merlin, la conscience universelle a été envisagée par des philosophes et des psychiatres bien connus. Elle résiderait dans un état peu accessible de chaque conscience. C'est une conception assez proche de la concept des neufs consciences du bouddhisme, où d'ailleurs l'infini est exprimé.


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