Philosophie et spiritualité

Pourquoi « l'Homme » ?

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Pourquoi « l'Homme » ?
Pierreveurle 05 mars 2024 à 10:42

Ce qui m'apparait être une erreur que peu de gens perçoivent, ou ose pointer du doigt, ne cesse de m'écorcher l'esprit par son énormité à chaque fois que j'en suis témoin... je m'explique avec ce qui suit :

Cette planète est peuplée d'êtres vivants que l'on appelle des « hommes ». Ces êtres ont longtemps négligé et renié les droits naturels et universels de leurs semblables et essentielles compagnes de vie dans la reproduction « les femmes » ; qu'elles choisissent ou non de se lier à eux dans leur intimité, ou de participer ou non dans l'acte de reproduction.

Je suis de ces êtres que l'on appelle « les hommes », et mon état est le résultat de ce qui nous affectent tous indéniablement « l'évolution ». Je me suis permis d'écrire au nom d'un collectif qui semble silencieux, qui lui reconnaît l'effet d'un mal qui court et nous affectent tous.

Parler de l'humanité en employant le terme « l'Homme » c'est renier le fait qu'il existe « la Femme ».

Il est souvent écrit « L'homme a créé ceci... », « L'homme a fait cela... », quand il devrait être écrit: « L'être humain a créé ou fait ceci ou cela ».

L'histoire de l'humanité connaît là un grand préjudice envers « la femme » que je trouve fort désolant.

Il n'y aurait pas d'hommes sans femmes, pas de femmes sans hommes... bref, NOUS SOMMES (femmes et hommes) l'HUMANITÉ.

Cette erreur « historique » devrait être corrigée.

2 décembre 2002
Pierre



Êtes-vous de ceux qui pensent comme moi ?

J'ai écrit ce texte il y a 20 ans... et encore aujourd'hui rien n'y fait, cette si évidente et monumentale erreur pour moi, m'est toujours aussi apparente en tant que telle.

J'ai lu, vu et entendu bien des choses sur ce sujet... mais récemment, c'est un article que j'ai lu qui, je trouve, somme bien l'ensemble des enjeux liés à celui-ci. Je le partage donc ici (je mettrai le lien vers celui-ci au bas de ma discussion) :


| Début de l'extrait | Article paru sur snalc.fr le 17 août 2021

Suite à l'article dénonçant l'intrusion de l'écriture inclusive au sein de l'institution scolaire, nous aimerions présenter une analyse, complémentaire, de ce souci de féminiser la langue française.

Il y a bien eu, depuis quelques années, une évolution dans les habitudes de langage de nos élèves, conduisant à un usage inadéquat des majuscules et du féminin. Les réactions sont même parfois véhémentes - avec l'accusation de sexisme - lorsqu'on ose s'affranchir de ces pratiques.
Rappelons d'abord que l'usage de la majuscule en français, pour désigner « l'Homme », ne se justifie pas par l'intention d'inclure les femmes (la minuscule suffit pour renvoyer à « l'humanité »). Cela correspond, en langage scientifique, au genre (nous parlons ici du concept taxinomique) : « Homo » sapiens, erectus, neanderthalensis, etc. Un autre usage possible est celui du respect, pour exprimer solennellement la grandeur.
On en trouvera une illustration chez St Exupéry dans Terre des hommes ! Soit deux citations : « L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle » (l'auteur n'exclut pas, évidemment, les femmes) ; et « Seul l'Esprit, s'il souffle sur la gloire, peut créer l'Homme » (cette fois c'est la majuscule du respect). Aucun auteur, en littérature et en philosophie, au cours des siècles, n'a jamais fait usage de la majuscule pour exprimer l'humanité.
Ensuite, s'agissant de la féminisation de la langue, nous rappelons que l'absence de neutre en français est suppléée par le masculin. On le sait par comparaison avec d'autres langues : comme dans « il pleut », en anglais « it's raining » et en allemand « Es regnet ». Nous rappelons aussi que la 3ème personne du singulier « on » (comme dans « on peut... ») provient du latin... homo ! Faudra-t-il le bannir ?
Certains mots sont « épicènes » (invariables selon le genre, ex. « habile »), d'autres sont féminins mais peuvent s'appliquer à un homme (qui peut être « une personne importante », « une victime ») ou inversement (une femme peut être « un génie »). Les mots vivent avec leur genre : il n'y a rien de sexiste en cela.

| Fin de l'extrait |

Voilà.

Mais je dois vous dire que ce que je dénonce n'est pas un appel à revoir la langue française toute entière en appliquant toutes les notions de l'idéologie de l'écriture inclusive. Non, il n'en est rien. Dans mon propos, je me concentre uniquement sur un seul point, celui des réalisations de l'humanité.

Ce que j'aimerais entendre et lire, en tant qu'être humain moderne ayant évolué, c'est un terme qui inclut clairement « toute » l'humanité lorsqu'il est question de notre histoire collective. Les mots existent déjà :

- Humains
- Humanité
- Êtres humains

Ce sont ces mots que je veux lire dans tous les livres d'histoires, les manuels scolaires, les publications scientifiques, ces mots en remplacement de « Homme » pour désigner l'ensemble que nous constituons.

C'est tout... juste ça. Vraiment.

Il me semble d'ailleurs que cette gigantesque erreur n'est pas unique à la langue française, elle existe dans les mentalités, peu importe la langue.

Dans la langue anglaise, par exemple, on peut lire des titres comme :
- "Man walks on the moon: 21 July 1969" -- (L'homme a marché sur la lune : 21 juillet 1969)

... au lieu de :

- "Humans walked on the moon : 21 July 1969" -- (Des humains ont marché sur la lune : 21 juillet 1969)

... voyez-vous la différence ?

Petite parenthèse pour ceux qui ne le savaient pas, c'est une femme, Margaret Hamilton, qui a écrit le logiciel qui a envoyé, pour la première fois, un groupe d'hommes sur la Lune.

Ça me semble pourtant si simple de dire : « L'être humain a créé ou fait ceci ou cela », ou simplement « L'humain »... alors pourquoi ne pas simplement le faire ? ... si ce n'est qu'un entêtement ridicule à s'obstiner à ne pas le faire ? Pensez-y.

Ne voyez-vous pas comme moi à quel point cette erreur a un effet sournois dans les mentalités ? Imaginez une jeune fille qui deviendra une femme et qui lit toute sa vie que c'est « un homme » qui a créé ceci, « les hommes » qui ont créé cela. Imaginez maintenant un jeune garçon qui deviendra un homme. Ne voyez-vous vraiment pas là un problème ???

Ce n'est pas une surprise, en ce qui concerne la langue française, de constater que les règles qui la constituent ont majoritairement été établies par des humains au genre masculin, lorsqu'on considère l'époque où ses règles ont majoritairement vu le jour; une époque où les femmes n'étaient pas considéré égales aux hommes. Nier cette évidence, à mon sens, fait partie de l'obstination que je mentionne dans mon propos.

Je n'ai rien contre la venue de nouvelles règles, ou encore de nouveaux verbes, noms ou pronoms. Il fut un temps où on écrivait majoritairement le mot « clé » avec un « F » au lieu du « É », faisant « clef ». Dans toutes les sociétés, les choses changent... et généralement, la tendance est de souhaiter qu'elles changent pour le « mieux », afin d'être plus simples, plus justes ou plus faciles. Une langue, bien qu'il y ait toujours des mécontents qui préfèrent le contraire, elle aussi, par son utilisation des humains qui l'emploient dans leur quotidien, se transformera avec le temps... elle suivra les influences de son époque.

J'aimerais réitérer que dans mon propos, ce que je cherche à mettre sous lumière, c'est l'utilisation du mot « Homme » pour désigner tous les êtres humains, cette pratique a selon moi des origines qui témoignent d'un certain mépris pour les femmes. Je crois simplement que l'emploi de ce mot dans cette fonction devrait « être remis en question ».

L'histoire de l'humanité est pleine d'exemples de femmes non-reconnues par les livres d'histoires. On n'a pas à chercher loin pour retrouver cette époque où pour être publié une femme devait parfois utiliser un pseudonyme masculin.

Mon opinion sur ce sujet n'est aucunement une croisade pour revendiquer l'idéologie de l'écriture inclusive... ce n'est absolument pas mon objectif. Pour ma part, afin de m'exprimer, je m'accommode des règles de la langue française qui, à l'image des humains qui l'emploi, m'apparait imparfaite, évolue très lentement et est remplie d'incohérences; je fais donc, par exemple, avec l'absence de neutre en suppléant par le masculin. Je reste néanmoins d'avis que ce n'est pas idéal... mais bon... ça viendra peut-être dans un autre siècle... qui sait ?

Je suis juste un être humain qui trouve stupide l'emploi d'un mot... et qui en perçoit l'influence sournoise. À chaque fois que je lis ou entends le mot « Homme » quand « Êtres humains » aurait pu être utilisé... eh bien ça m'irrite car je trouve ça stupide et rétrograde.

C'est mon opinion.

Quelle est la vôtre ?


21 janvier 2023
Pierre

Lien de l'article : https://snalc.fr/homme-avec-un-grand-h-et-femme-avec-un-grand-f

Hinenaole 05 mars 2024 à 11:18  •   111004

Salut @Pierreveur. 🙂
Content de te lire et de te retrouver.

Je prèfère le dire tout de suite, je vais être un peu rush, aujourd'hui en fin de journée, et donc je n'ai pas lu l'intégralité de ton post de départ. Ma contribution va donc être sûrement partielle.
Mais déjà, rien que ça...

citation :
Il est souvent écrit « L'homme a créé ceci... », « L'homme a fait cela... », quand il devrait être écrit: « L'être humain a créé ou fait ceci ou cela ».

Synthétiquement, on y vient. Je ne sais pas comment exactement cette pensée existe de l'autre côté de l'Atlantique, mais ici, en Europe, de plus en plus est fait le constat qu'il faut casser les dérives hommo-centré des 18 et 19eme siècle,à cause des courants académiques. Ainsi, on commence à remettre les femmes à leur place légitime dans les sciences et l'Histoire. De même, on rompt également avec la vision antique selon laquelle qu'il n'y avait que des hommes au combat, parce que l'adn de certains squelettes, trouvés récemment dans des tombes honorables, informe que le grand homme enterré là est en fait une femme.

Reste pour bien accompagner cette évolution à ne pas hésiter à "calmer" les religions et les traditions, car malheureusement, si elle sont parfois le signe d'une plus grande stabilité civilisationnelle à long terme, elles sont aussi le creuset immédiat qui renvoie la femme dans la pénombre des coulises, hors de la lumière.

citation :
Il n'y aurait pas d'hommes sans femmes, pas de femmes sans hommes... bref, NOUS SOMMES (femmes et hommes) l'HUMANITÉ.

Et, certains - voir certaines - pourraient se demander pourquoi personnellement je suis tant passionné par le féminin? 😅 Bah la réponse est là. 😉 Je vis un peu tous les jours un décalage entre ma position confortable d'homme et le constat (multiple) que je fais du monde des femmes. Si donc, je n'ai pas toujours de l'adoration inconditionnelle, je porte en moi quand-même un grand amour fondamental qui ne ressemble pas qu'à s'intéresser à leurs jupons... C'est tellement plus fort! Tellement plus complet! Comme un étrange mélange fusionnel pour l'admiration d'un genre opposé (au mien) et l'adhésion à un groupe humain. [bref, ça pourrait même dépasser la notion de féminisme.]

A noter aussi, perso, que j'intègre dans mon équation égalitaire toutes les personnes entre. Certes, le féminin-femme me fascine, mais je suis près, très souvent, dans mes pensées, à abandonner cette idolatrie délicieuse pour que l'humain passe au devant. Et alors, je ne m'occupe plus de à qui j'ai à faire. Je prend.

En tous les cas, très beau sujet.
Merci Pierre. 🙂


A une prochaine fois.


Hiné.

Erlenmeyerle 05 mars 2024 à 12:41  •   111009

Bonjour,
Je ne suis pas allée lire l'article en entier, juste l'extrait proposé. citation :
l'usage de la majuscule en français, pour désigner « l'Homme », ne se justifie pas par l'intention d'inclure les femmes (la minuscule suffit pour renvoyer à « l'humanité »). Cela correspond, en langage scientifique, au genre (nous parlons ici du concept taxinomique) : « Homo » sapiens
La cause est légèrement différente, mais la conséquence est exactement la même. De fait, écrire "les hommes mangent" exclut les femmes ; écrire "les Hommes mangent" ne les exclut pas (donc les inclut). Les auteurs "au cours des siècles" n'ont peut-être pas fait le distingo, mais aujourd'hui on le fait (la langue est en constante évolution, non ?).
Dans les 2 citations de St Exupéry, je ne vois pas pourquoi il y aurait plus de "respect" (avec la majuscule) dans une phrase que dans l'autre.

Il y a beaucoup de choses dans l'implicite, dans le contexte. Je n'ose pas prendre les lecteurs pour des idiots.
Spoiler (cliquer pour lire)
Dans un texte sur la digestion : "les hommes mangent" (évidemment, les femmes aussi, le genre "Homo sapiens") => les Hommes mangent.
Dans un roman sur 2 personnages masculins au restaurant : "les hommes mangent" (évidemment, ces deux-là en particuliers, pas toute l'humanité). Si on avait eu un personnage féminin et un personnage masculin, on ne pourrait pas écrire "les hommes mangent".


Personnellement, je n'ai pas une vision limitée. Sauf si le contexte le précise, je perçois "les hommes" comme un collectif d'hommes et de femmes. Si je lis "Dans l'entreprise des laboratoires BIDULE, nos hommes préparent les meillleurs médicaments.", je comprends : "les employés hommes et femmes" de l'entreprise. (exemple vite fait, on ne voit jamais ce genre de phrase ^^)

Pour mon annecdote personnelle, j'étais réticente à l'écriture inclusive (résistance humaine au changement de manière générale). Et finalement, je trouve que ça se lit bien, et même c'est parfois très pratique. Je n'ai pas besoin qu'on écrive les "patient.e.s" pour me trouver le droit d'aller chez le médecin. Mais je trouve pratique de pouvoir alléger les écrits inclusifs du type "les patients et les patientes".

En effet @Pierreveur, je suis d'accord qu'on pourrait bien plus souvent utiliser les mots humains, humanité, êtres humains. Ce n'est qu'une question d'habitude.

Je pense que l'image des femmes peut être davatange valorisée (ou disons, moins gommée) par bien d'autres moyens que l'emploi du mot "humains" (qui d'ailleurs est masculin au sens grammatical ; quelqu'un aura bien l'idée d'utiliser l'adjectif "humaine" comme nom et tout le débat sera à recommencer). Communiquer aussi bien sur des hommes que sur des femmes célèbres (politiques, scientifiques etc.) ; comme l'a dit @Hinenao il y a aussi une façon de raconter l'Histoire. Rappeler (comme tu l'as fait), qu'une réalisation, bien que visuellement d'un monsieur sur la Lune, est aussi le fruit d'un travail de femmes. Et bien sûr, à l'école, expliciter cette inclusion (ou cette non-exclusion) dans le vocabulaire.

Hinenaole 05 mars 2024 à 13:08  •   111011

Peut-être que je me lance dans une analyse casse-gueule, mais c'est peut-être bien de l'écrire, de le formuler au moins en mots. Après on s'y retrouve où on ne s'y retrouve pas...

Ce qui fait sans doute réagir Pierre, et lui avoir donné envie de lancer un topic sur la rélfexion, c'est aussi peut-être en lien avec sa nature masculine, justement, car on est de plus en plus d'hommes à ressentir un écart entre notre lecture du monde et nos souhaits humains. Et donc, placé de l'autre côté de la barrière du féminin, nous sommes à la fois attérés parce que nous comprenons et ce que nous ressentons (d'où mon pamphlet concernant La Merdasse sur un autre topic d'apie, récemment... parce que, sa connerie masculinisante, ça m'a tellement fait monter fort la moutarde au nez... moi qui suit cet autre homme. Ce partenaire de genre, pourtant. Bref...)

Donc oui, il n'est peut-être pas impossible que cela perturbe notre sensibilité globale puisque c'est par le socle de notre genre que nous-même nous trébuchons dans notre inacceptation du monde tel qu'il est à l'instant T.

A voir...


PS: "La merdasse" est un faux pseudo. Mais comme je ne tiens pas à lui faire de la vraie publicité, sur Apie, alors j'ai traversti son vrai blase. (a noter que même déjà travestir son foutu blase, il n'aimerait pas ça... Travesti, pédé, fauxzomme, toussa toussa, quoi...)

paradoxle 05 mars 2024 à 13:43  •   111014

Perso, ça fait bien longtemps que je ne dis plus "les Hommes" mais les humains. Et je le retrouve ici ou là de plus en plus. Il faut continuer sans cesse. Je reprends les gens qui disent "les Hommes" et ils sont souvent d'accord. Ça va venir, faut insister.
Il n'y a qu'en français qu'on dit "Les droits de l'Homme" et pas "Les droits humains" comme en anglais par exemple.

Mais on aura vraiment fait un grand pas en avant quand on écrira la "Déclaration des droits du vivant".


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