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- Quels épisodes des evangiles sont vérifiés historiquement ? lesquels ne le sont pas ?
J'ai fourni hier un lien n'étant accessible qu'aux membres des inscrits sur le site zebrascrossing. Aussi je vais recopier.
Salut,
J'aimerais, en votre compagnie, faire une distinction entre textes historiques et textes peu crédibles.
Commençons par quelques épisodes peu vraisemblables. Il est peu plausible, par exemple, que Barrabas ait réellement existé. L'évangéliste Jean dit qu'il a été libéré par la foule en vertu d'un "privilège pascal".
« Mais c'est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu'un à la Pâque » (Jn, 18, 39).
Or, ce privilège pascal n'existait pas dans l'Antiquité : seul l'Empereur avait le droit de grâcier un individu, Il s'agissait d'une grâce exceptionnelle, appelée "indulgence", et l'Emprereur était jaloux de ce privilège, jamais il n'aurait délégué ce pouvoir à une foule. Et de fait, ce privilège n'apparaît dans aucun autre texte que celui des Evangiles.
Alors quoi ? Une thèse a été élaborée par différents biblistes, qui peut sembler surprenante, mais qui finalement mérite qu'on s'y penche un moment. "Bar abba", en araméen, signifie "Fils de l'Homme", ou bien encore "le brigand, le séditieux". Lorsque les Romains ont demandé à la foule lequel elle voulait sauver, entre le brigand et le Fils de Dieu, la foule a choisi le premier. La thèse à laquelle je faisais référence veut que Barrabas, de son vrai nom Jésus Barrabas, et Jésus le Nazoréen soient en fait un seul et même homme : le Christ, lui-même, à deux moments différents de sa vie.
Car Jésus s'est bel et bien comporté comme un brigand, un séditieux, un blasphémateur : lorsqu'il a renversé les tables des changeurs et expulsé les marchands du Temple. Il est possible qu'il ait alors été arrêté, mais remis en liberté car les Romains ne souhaitaient pas s'immiscer dans les affaires religieuses. Ces querelles entre Pharisiens et Sadducéens, entre prophètes et faux prophètes ne les concernaient pas : tout ce qu'il leur importait, c'était le maintien de l'ordre en Judée. Et ce maintien de l'ordre a été mis à mal lorsque Jésus s'est proclamé roi des Juifs. Se proclamer roi des Juifs, c'était venir concuurencer l'autorité impériale, et cela valait condamnation à mort.
En résumé, Jésus aurait été arrêté une première fois, en qualité de blasphémateur (expulsion des marchands du Temple), puis relâché. Arrêté une seconde fois en tant que roi des Juifs, et donc crucifié. Le texte serait donc un procédé littéraire, un raccourci, une ellipse.
Je sais bien que la thèse peut surprendre, elle est toutefois expliquée en long, en large et en travers sur Wikipédia, et vous y retrouverez tous les renvois nécessaires vers des ouvrages érudits.
Si vous voulez apporter votre pierre à l'édiffice, n'hésitez pas, et si vous avez des questions, je tâcherai d'y répondre dans la mesure de mes moyens.
Je reviens dans pas longtemps avec un autre épisode qui laisse les historiens perplexes : la condamantion de Jésus par le Sanhédrin, le jour de Pâques.
Sur ce moment particulier, j'aurai moins de choses à dire.
Pour Jean, Jésus a été condamné un vendredi, le 14 du mois de Nisan, au moment où l'on décidait de l'immolation de la Pâque nouvelle. Cette concomitance permettait de rapprocher la figure de Jésus de la figure de l'agneau pascal, que l'on embrochait ce jour-là.
Pour les synoptiques, Jésus a été crucifié le lendemain, le jour où commençait la célébration officielle de la Pâque. Rappelons que la Pâque célèbre deux événements : la sortie d'Egypte (jour où la viande est consommée debout, et à la va-vite) et l'entrée en Terre promise (circoncision, et offrande pascale). Cette sortie d'Egypte, c'est un passage, un franchissement.
Ces hésitations ne me heurtent pas plus que ça, car pour les Chrétiens, Jésus est à la fois l'agneau sacrifié pour racheter les péchés du monde, et franchissement. Nous sommes d'ailleurs là dans le domaine de la théologie plus que dans celui de l'histoire, la date exacte de la Passion étant impossible à définir avec précision.
Ce qui chiffonne les historiens, par contre, c'est l'épisode du procès de Jésus devant le Sanhédrin. Les Evangélistes ramassent tous les épisodes marquants de la Passion en deux jours à peine : baiser de Judas, procès devant le Sanhédrin, crucifixion. Or il est impossible que le Sanhédrin se réunisse la veille de Pâque, car en cette période de l'année, quiconque se rendait dans le prétoire se rendait rituellement impur.
Je vais essayer développer le thème des épisodes vérifiés historiquement, mais il faut me laisser le temps de cogiter un peu !
Prends ton temps !
Ça m'interresse tout ce que tu pourras apporter ici même si j'ai déjà pas mal lu là-dessus.
Merci Myette, content que le sujet t'intéresse 😉
J'ai deux ou trois textes en réserve, mais si je les balance d'un coup, ça va faire un gros pavé. La suite arrive bientôt, j'espère que tu apprécies à sa juste valeur mon art du teasing ^^
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rhooo purée... les fauttes que je fais...
je progresse énoooormément : avant je rougissais seule derrière mon clavier, maintenant je m'en fous complètement ...
Quel suspens ! ^^
citation :
Cette sortie d'Egypte, c'est un passage, un franchissement.
... Euh, mais c'est pas le moment où les eaux sont séparées? 🤔
Me trompe-je peut-être.
(n'ai pas ouvert une bible depuis 1996 [année de grand désespoir et de deuil 😭], donc je commence à oublier des trucs de sa littérature. 😅)
Parlons maintenant des épisodes ayant une base historique solide. Si j'en parle, c'est parce que j'ai écouté cette semaine un débat sur l'historicité de Jésus, contestée par Michel Onfray. Bon Dieu mais comment, en 2024, peut-on encore soutenir la thèse mythiste ? Jésus est l'un des personnages les mieux renseignés de l'Antiquité.
Une trentaine d'Evangiles relatent son histoire.
Son existence est attestée par des sources romaines (Tacite, Suétone) et juives (Flavius Josèphe).
Le Talmud évoque également Jésus : il en dressse un portrait peu flatteur. Le philosophe des sciences Jean Staune parle de textes remontant au IIe siècle de notre ère, mais je ne parviens pas à trouver les extraits auxquels il fait référence. J'ai par contre mis la main sur un texte de l'historien Xavier Levieils. Voici ce qu'il dit de Jésus dans le Talmud :
Ce jugement positif se trouve immédiatement contrebalancé par l'opinion plus tranchée selon laquelle il égare le peuple. Cette accusation, répétée en Jn 7,47, répercute le souvenir que la condamnation de Jésus avait laissé dans les milieux judéens. Mt 27,63 atteste par ailleurs que Jésus était considéré comme un « imposteur » (??????) et le reproche se retrouve en des termes différents en Lc 23,2.5 où Jésus est accusé par les autorités judéennes de « détourner la nation » (???????????? ?? ?????) et « d'agiter le peuple » (???????? ??? ????). Ces différentes attestations rendent cohérente l'idée que Jésus ait été perçu comme quelqu'un ayant exercé une mauvaise influence sur le peuple. Cette vision d'un Jésus qui a tenté de détourner la nation vers de mauvaises voies a longtemps perduré dans les milieux juifs comme en témoigne le Talmud de Babylone qui garde également le souvenir de Jésus condamné à mort pour « sorcellerie, séduction et égarement d'Israël ». L'accusation n'est pas formulée de cette manière lors du procès de Jésus et ce sont probablement certains de ses propos tenus sur le temple qui ont donné matière à la procédure judiciaire engagée à son encontre par les autorités judéennes.
(Xavier Levieils, Jésus bénéficiaire et victime de la rumeur, Paris, 2021)
citation :
Me trompe-je peut-être.
Non, tu ne te trompes pas !
C'est en effet le moment où les eaux du Jourdain se sont séparées, permettant à Josué et à son peuple d'atteindre la Terre Promise.
Spoiler (cliquer pour lire)
Moi, je préfère lire les athées de Apie que l'athéologie de Onfray. Je mets sous spoil car la dernière fois que j'ai fait la critique de Onfray, on m'a envoyé dans les orties et Mémé Myette, elle n'aime pas les orties. Aujourd'hui, je crois que ça passerait mieux mais il y a 20 ans, fallait pas toucher à Onfray.
J'ai toujours pensé que Jésus était un "sale môme", un vrai garnement, dont on plaint les parents mais c'est pour ça que j'aimais bien cette histoire. Ma compassion va quand même à sa mère et à son père adoptif.
Si les historiens valident mon ressenti, je vais me faire mousser un peu plus !
Onfray est trop souvent sollicité sur les plateaux TV, je le trouve hautain et méprisant. Parfois, il est confronté à des théologiens, mais il ne fait définitivement pas le poids.
Hmm... Je vois que mes références à des textes hébreus ont été remplacées, dans mon dernier message, par des points d'interrogation. C'est pas dramatique, mais c'est pas génial non plus. Enfin bref...
Parlons maintenant d'un autre personnage dont l'historicité est certaine : je veux parler de Jean le Baptiste. Peu de sources mentionnent son existence : les 4 Evangiles, et l'historien juif Flavius Josèphe.
Son existence n'a toutefois rien de surprenant, les mouvements baptistes ayant essaimé en Israël pendant plus de 500 ans, entre le IIe siècle avant notre ère et le IVe de notre ère.
La première chose à savoir sur Jean le Baptiste, c'est qu'il proclamait la nécessité d'un baptême de repentance. Nous parlons là d'une repentance individuelle, d'une prise de conscience individuelle de ses péchés. Et cette conception allait à l'encontre de la tradition juive, qui organisait, avec la fête de Yom Kippour, un rite de repentance collective. Lors de cette fête, les prêtres imposaient les mains sur un bouc, et l'envoyaient au désert afin qu'il emporte loin du monde toutes les fautes d'Israël. D'où l'expression "bouc émissaire".
Les baptistes n'étaient du reste pas les seuls à contester le Temple de Jérusalem : pensons aux Esséniens, autrement appelés "secte de Qumrân", qui estimaient que Dieu avait quitté le Temple pour habiter dans le désert. Et c'est là, dans ces contrées arides, que beaucoup d'Esséniens choisirent de s'implanter, pour y mener une vie ascétique.
La deuxième chose sur laquelle il faut insister, c'est l'influence qu'a eue le Baptiste sur Jésus le Nazoréen. La prédication de Jésus reprend littéralement la prédication de Jean. Ainsi en Mt, 3,7 : "Jean Baptiste dit aux Pharisiens : race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?".
Et plus loin (Mt, 23,33) : "Jésus dit aux scribes et aux pharisiens : Serpents, engeance de vipères, éviterez-vous la condamnation à la géhenne ?".
Autre exemple, toujours chez Matthieu : "Jean Baptiste continue : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu". Et plus loin : "Jésus dit : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu".
En résumé, Jésus a bel et bien évolué dans des milieux baptistes, en proclament un baptême de repentance individuelle. En cela, il s'opposait aux Saduccéens, c'est-à-dire à l'aristocratie sacerdotale qui organisait les fêtes juives, Yom Kippour par exemple. Ses vues étaient différentes de celles des Pharisiens, qui insistaient plutôt sur la piété intérieure, et de celle des Esséniens, qui prétendaient vivre loin du monde. Jésus, lui, se voyait comme un homme vivant au coeur du monde.
citation :
Onfray est trop souvent sollicité sur les plateaux TV, je le trouve hautain et méprisant. Parfois, il est confronté à des théologiens, mais il ne fait définitivement pas le poids.
Onfray, je l'ai beaucoup écouté, fut un temps. Aujourd'hui, je ne peux plus. *smiley avec deux doigts au fond de la gorge pour s'aider à vomir* ... Littéralement, j'ai l'impression que ce n'est plus le même homme. 🙄 (il n'y a qu'à moi que ce type fait cet effet là, ou bien je ne suis pas tout seul? 🤔) Bref pour moi Onfray, ça fait un petit bout de temps qu'il est déjà aux fraises... 😒
Et sinon pour les points d'interrogation, c'est certainement parce que des caractères ne doivent pas être reconnus par Apie (qui est un PHP-like). En tous les cas, ce n'est pas une forme de censure. Sois-en rassuré. Peut-être, que pour ton prochain partage biblique serait-il bon de passer éventuellement tout ce qui entre parenthèses en caractère "romains", au préalable, avant de poster. Voilà, juste un conseil technique, mais qui ne t'engage en rien. C'est toi qui voit.
H.
@Hinenao
j'ai le même sentiment concernant Onfray. J'ai beacoup apprécié ses bouquins fut un temps, j'en ai quelques uns puis il a pris cet étrange virage et je ne le supporte plus. C'est décevant, j'en viens à être dérangée de voir son nom dans ma bibliothèque alors que les ouvrages de l'époque sont pourtant fort intéressants. je vais finir par les ranger tranches au mur !
@Sabianne
(et, accessoirement, content de te retrouver là en échange apaisé.)
citation :
puis il a pris cet étrange virage
Bah ouais, c'est ça. Et, pour être franc et le dire en vrais mots, il a viré facho. 🙄
(D'ailleurs, il a perdu pour moi son intérêt quand il en a pris paraxodalement pour "ma" fachosphère IRL locale. D'un seul coup pour eux, il est devenu bien, sympa, intéresssant. Et c'est ça qui m'a mis en allerte... [sinon, j'aurais glissé dedans moi aussi, comme n'importe qui... 🙁 sans rien y voir et sans rien comprendre... 😨) Concomitance de l'algorithme de Youtube qui mets souvent en propositions connexes Michel Onfray avec Thaïs-Escuchose, Vincent-Lecaillou et Maxime-Menasse, et autres, et autres... [des gens jeunes et "convaincants" que des jeunes gens me servent presque toutes les semaines, à table dans leurs propos, ou à l'apéro, façon de parler... 😒], en tous les cas, l'algo, lui, il sait au moins raccrocher les wagons de la même couleur... C'est déjà ça... 🙄)
Et pour les bouquins, je préfères largement les aventuriers/ères aux philosophes modernes, à présent. Il m'a fallut un an (véritablement!) pour lire en entier "Les linges de la nuit" de Madeleine Riffaud (), et, ça va sûrement me prendre autant de temps de traverser la vie de Fernand Fournier-Aubry (dit, "Le Seigneur de l'Amazone"), mais au moins, elle ou lui, ne sont pas partis se perdre bêtement au pays des théories (fumeuses). En fait, ça sent la sueur, l'amour, le sang, le vrai vécu. Et l'humilité, souvent.
H.
---
PS: @Confiteor
Papa Conf', t'as vu, j'ai bien fait attention au "i" de "algorithme" cette fois. 😇 Merci. 😉
A vrai dire, je ne l'ai jamais aimé. La première fois que j'ai entendu parler de lui, c'était à la radio. Il raillait alors Sigmund Freud pour une bêtise qu'il avait dite, dans ses "cinq psychanalyses" ; je veux parler du cas du petit Hans. Hans avait peur des chevaux, et Freud avait donné une explication alambiquée. Hans aurait fait une association entre le "mors" du cheval et la "mort". Le texte original est en allemand, mais vous voyez l'idée. Après coup, il s'est révélé que le petit Hans avait été piétinné, tout petit, par un cheval, et que depuis, il en avait peur. C'était aussi simple que ça. Et Onfray de se gausser, à la radio, en traitant Freud d'idiot.
J'ai eu un bon prof de philo en terminale, qui disait "Si vous voulez vous en prendre à un adversaire, attaquez-le dans sa force, pas dans sa faiblesse".
Onfray n'a pas respecté ce précepte élémentaire, il a attaqué Freud en dessous de la ceinture. Freud a révolutionné la médecine, on continuera de se faire psychanalyser encore dans cent ans, tandis qu'Onfray, ma foi... A chaque fois que je le vois à la télé, il est méprisant, et la dernière fois qu'il a décroché un sourire, les gens ont eu tellement peur qu'il s'est mis à pleuvoir.
Aujourd'hui, un épisode qui a toutes les chances de ne pas être véridique : la naissance de Jésus à Bethléem. C'est dans cette ville que Luc et Mathieu le font apparaitre. Mais le choix de cette ville semble bien plus symbolique qu'historique.
Bethléem, c'est la "Cité de David", l'endroit où le plus fameux des rois d'Israël est né. En faisant naître Jésus à Bethléem, les évangélistes le placent dans la lignée du roi David. Et en naissant ici précisément, Jésus accomplit une prophétie de Michée :
« Et toi, Bethléhem Ephrata, Petite entre les milliers de Juda, De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, Et dont les activités remontent aux temps anciens, Aux jours de l'éternité. » (Michée 5:2).
Cet accomplissement de l'antique prophétie fait de Jésus le digne fils de David : il est le Roi Promis.
Jésus n'est sans doute pas né non plus à Nazareth. La confusion habituelle vient d'une mauvaise traduction du mot Nazôrâios, qui ne signifie pas "de Nazareth", mais bien "Nazoréen". Ce mot a plusieurs étymologies possibles. Il pourrait venir du mot Nazir, qui désigne ceux qui sont particulièrement pieux ; ceux qui font voeu de ne pas boire de vin et de ne pas se couper les cheveux. Dans d'autres recherches étymologiques, ce terme désigne simplement un "rejeton". Nous faisons donc face face à Jésus le rejeton, ou à Jésus le très pieux.
Le seule chose dont l'on soit à peu près sûr, c'est que Jésus est né en Galilée : c'est là qu'il exerça son premier ministère.
Hello. 🙂
Très confuséantes, toutes ces histoires pas sures entre naissances à Nazareth ou Bethléem. 🙄 Bref, pour garder attentifs/ives les curieux possibles qui puissent s'intéresser à la dimension primitive et humaine de la vie de Jésus, et espérer "croire" un peu à travers tout ça, c'est pas très aidant.
Certes, réécrire la Bible aujourd'hui de manière tout-à-fait fiable est illusoire, et ce n'est pas prêt de se produire. Je m'en doute. Ceci dit, quand on "lance" un culte, c'est quand-même bien d'avoir des refs qui ne soient pas multiples et perturbantes. Et ainsi, quitte à devoir se rendre sur un mausolé, autant que ça soit un seul, et vraiment le bon.
Bref, des fois, je me dis encore, trente ans plus tard, que si j'avais eu à aller à la rencontre de Jésus - les dits-lieux de naissance possibles > grand débat avec mon ex, croyante, justement -, j'aurais préféré le croiser directement de son vivant, en face à face, humblement, pour le savoir. Et dès lors ne pas me fier à ces histoires de "sur-vente" qui finalement font perdre à la fois l'essence première de l'homme et du Messi. Dommage...
(pardon si mon explication semble péremptoire, mais je n'arrive pas extérioriser mon sentiment blessé autrement.)
H.
Quand j'ai visité la grotte à Bethléem, je me suis dit que c'était être kamikaze que d'accoucher dans cet endroit.
@ Hinenao : Oui, tout ceci est difficile à démêler je te confirme...😉
C'est toutefois à Béthleem que se rendent environ deux millions de pélerins chaque année pour visiter la Basilique de la Nativité et la grotte dans laquelle l'Enfant Jésus est censé être né, et je pense que pour eux, la localisation précise de son lieu de naissance compte bien moins que l'émotion suscitée par le voyage en Terre Sainte.
citation :
Hinenao : Certes, réécrire la Bible aujourd'hui de manière tout-à-fait fiable est illusoire...
Tu as eu à la fin du deuxième siècle une tentative d'harmonisation des évangiles, réunis en un seul ouvrage censé les ramasser : le Diatessaron.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Diatessaron
Mais l'ouvrage n'a jamais pris. Ce qui fait l'intérêt des Evangiles, c'est justement leur non-harmonisation : ils se contredisent les uns les autres. J'ai parlé dans un précédent message de la date exacte de sa crucifixion : Jean dit qu'il a été condamné le vendredi de Pâque, et les Juifs de ce temps-là avaient tous en tête l'image de l'agneau que l'on embroche ce jour-là. Agneaux qui étaient embrochés sur deux pals. Le premier pal allait de la gueule à l'arrière-train, le second pal était perpendiculaire au premier. On l'utilisait pour faire tourner l'agneau sur le feu, afin qu'il dore de tous les côtés. Les Juifs étaient réceptifs à ce genre d'images, ils ont tout de suite compris que Jésus, c'était l'agneau pascal.
Les synoptiques disent qu'il a été crucifié le lendemain, un samedi, jour où est proclamée officiellement la Pâque nouvelle, célébrant l'entrée en Terre Promise. Ce qui rappelle (on en a déjà parlé) l'ouverture des eaux du Jourdain, et l'entrée en Judée de Josué et de son peuple, partis d'Egypte.
Ces contradictions n'ont pas heurté les premiers Juifs devenus par la suite chrétiens, suite à un rejet du Temple de Jérusalem (la rupture se situe aux environs de l'an 70). Jésus est à la fois l'Agneau pascal, et franchissement des eaux. Ces contraditions internes nous font quitter le strict domaine historique : on est surtout là dans le domaine de la théologie. Avec de multiples interprétations possibles.
@Myette : t'es vraiment allée à Bethléem ? Si tel est bien le cas, la ville ne croule-t-elle pas sous l'afflux de pélerins ? Est-ce que tu as été particulèrement émue en visitant la grotte ? J'imagine que oui, mais les témoignages de première main m'intéressent !
Bah oui, j'y suis allée.
Non, l'année où j'y suis allée, je n'ai pas senti ni de surtourisme, ni de surpélerinage.
Ce voyage a été passionnant mais je n'ai pas ressenti d'émotions particulières dans les lieux soi-disants bibliques. La plupart sont moches, froids.
La grotte : je l'ai trouvée glaciale, l'émotion ressentie était négative.
Le Saint Sépulcre pareil. J'en ai un souvenir sombre qui contrastait trop avec la lumière méditerranéenne. Les expressions de dévotions me mettaient mal à l'aise.
J'étais bcp plus touchée par les rues de Jérusalem, par cette co-existence des religieux de toutes les religions qui allaient et venaient, un journal sous le bras, un sac de course à une main. Jérusalem est sûrement la ville dont la vie a le plus ébourriffé mes neurones émotionnels.
Je crois que ce voyage m'a éloignée définitivement du religieux des religions. Il a vidé de toute substance les rituels que je connaissais. Tout ça est devenu à mes yeux du cinema, de la mise en scène de piètre qualité.
Mais je reste attachée à la figure christique, peut-être plus fort qu'avant ce voyage-là.
Et merci pour ce voyage en mots, @Myette007.
En tous les cas, quand on sait déjà préalablement à quoi ressemble visuellement la grotte sacrée et le fameux Jerusalem très ordinaire, même sans y avoir été pour ma part, ça permet au moins de se façonner des images méditerranéennes très cohérentes. En somme, un beau Apie-reportage. ^^
Sinon, perso, du même ordre, (...même si tout le monde s'en fout et ne m'a pas demandé de partager cette expérience... 😅), j'ai été au Vatican, et ceci de manière assez récente (2012). Même si..., je devrais plutôt dire que je me suis retrouvé au Vatican, plus exactement, plutôt que de laisser possiblement entendre que j'y serais allé de mon propre chef. Car, le matin même de ce jour là, il n'était pourtant pas prévu de débarquer à Posilipo (Région de Naples, et à 130 bornes de Rome par la route, seulement, si je me rappelle bien... 🤔). Donc oui-oui, étrangement, je me suis retrouvé à midi pile sous la Sainte-Croix, au centre de l'esplanade pavée de gris et de vert, et à seulement deux pas du balcon papal, moi l'incroyant pourtant très fâché.
Et, ça s'est bien passé! Ouaip! Faisait rudement chaud, notre tout petit groupe manquant notamment d'eau. Toutefois, les gens n'étaient ni fous ni à genoux en pleine béatitude... En tous les cas, bon, il faut laisser les quelques personnes tranquille quand elles sont comme ça, communiantes et intériorisées. Et finalement c'est un très bon souvenir, autant à la fois pour l'effet de surprise de ne pas même m'être imaginé m'y retrouver, et pour l'ambiance qui - mi-touristique mi-religieuse -, n'est pas étouffante. ... Idée inverse que je m'en étais fait précédemment, d'ailleurs, car je m'imaginais possiblement devoir être en contact avec une foule dense et passionnée, et quelques peu déraisonnable dans ses élans croyants. (...puis, on est reparti dans l'après-midi vers le petit mouillage napolitain, le tout pour finir au crépuscule avec un spectacle de danse... Avec un petit jeu de mot tout de même, pour faire le malin deux secondes et en guise de conclusion, je peux donc dire que cette journée m'avait alors... porté aux anges. 😇)
H.
On avait un guide historique très intéressant.
Mais la beauté de Jérusalem, je l'ai vue ailleurs que dans les sites bibliques.
Et puis, y'a des trucs qui ne se racontent pas sur un forum...
citation :
On avait un guide historique très intéressant.
Nous, on était juste six français et françaises pas du tout habiles en italien. 😅 Et parmi nous, un croyant très croyant. Un seul... Heureusement, à Naples, on a aussi croisé un sénégalais parfaitement francophone. Puis quelques anglophones plus tard, sur le chemin, of course. (toujours utile la langue anglaise, où que l'on aille...)
citation :
Mais la beauté de Jérusalem, je l'ai vue ailleurs que dans les sites bibliques.
Peut-être as-tu vu quelque chose proche du Moyen-Orient originel? Une sorte de vision du passé pourtant pas habillée de stéréotypes romanesques. (tu me le confirmeras, ...si tu le veux. 😉)
citation :
Et puis, y'a des trucs qui ne se racontent pas sur un forum...Spoiler (cliquer pour lire)
M'en fous pour moi-même. Je peux tout raconter puisque c'est mon relationnel IRL qui souhaite plutôt à l'inverse, lui, rester étanche. (La peur du monde extérieur? Rester dans l'entre-soi? 🤔 Des fois j'me demande... 🙄) Bref, métaphoriquement, c'est comme prendre sa goulée d'air en eau profonde, et faire des bulles dans les nuages... C'est comme ça que ça marche ici. Ainsi est ma vie. (Et c'est ce qui explique parfois certains de mes comportements d'écriture, sur Apie, afin de donner peut-être là, pour la compréhension rapide, la pièce manquante du puzzle...)
Ah ok. Intéressant !
De mon côté, il m'est ausssi arrivé d'être mal à l'aise dans une église, en voyant des fidèles, juste avant la communion, se mettre à plat ventre devant l'autel avec les bras en croix. Certains sont restés dans cette position, au sol, pendant au moins dix secondes avant de se relever et de manger l'hostie.
C'était à Paris, lors de la messe du souvenir organisée pour mon grand-père, qui était spécialiste de Pascal, et qui a eu une grande influence sur ses étudiants. Je pense que ceux-ci ont voulu montrer leur affliction, moi et les membres de ma famille avons trouvé celà un peu "too much".
Erratum...
même si tout le monde s'en tape le coquillard. 😅 ...mais voilà, j'aime quand les choses sont bien faites...
citation :
j'ai été au Vatican, et ceci de manière assez récente (2012).
Erreur de touches lors de la frappe. Il fallait lire > 2021.
Mille excuses. 😉
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