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Animaux sauvages et épidémie

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Animaux sauvages et épidémie
Dariale 06 mai 2020 à 11:52

Salut les Apies,

En ce moment Le Monde parle beaucoup des zoonoses des animaux sauvages pour expliquer la pandémie. Pas seulement celle en cours d'ailleurs, mais la plupart des épidémies récentes (sida, Ebola...).

Personnellement je n'y connais rien. Donc je serais ravie d'avoir vos éclairages là-dessus.

(En gros, l'idée c'est que l'habitat des animaux sauvages est de plus en plus restreint, par conséquent les maladies de ces animaux se développent davantage. De plus, les animaux sauvages sont plus souvent en contact avec nos animaux domestiques qu'autrefois (en raison de l'extension des activités humaines vers des zones jadis sauvages, de l'existence de marché avec des animaux sauvages comme à Wuhan, etc .). Par conséquent les maladies des animaux sauvages infectent les animaux domestiques à proximité. Et nos animaux domestiques servent à leur tour de passerelle pour transmettre ces maladies aux humains.

Un mini-docu (10 minutes) qui traite ce sujet là :
https://www.lemonde.fr/planete/video/2020/04/19/pourquoi-nos-modes-de-vie-sont-a-l-origine-des-pandemies_6037078_3244.html
)

La conclusion est que les zoonoses des animaux sauvages seront encore dans le futur la cause de nombre de pandémies (sauf revirement monumental de nos sociétés).

Qu'en pensez-vous ?

Merlinle 06 mai 2020 à 12:24  •   40844

Ben grosso modo c'est un bon résumé, sauf qu'on ne passe pas forcément par la case "animal domestique" : il peut y avoir transmission directe à partir d'une espèce sauvage (la civette pour le SRAS, par exemple), c'est pour ça que les "marchés aux animaux sauvages" sont un gros danger potentiel.

Pour le Covid-19, on n'a pas encore identifié l'intermédiaire entre le réservoir (les chauve-souris) et nous. On a parlé du pangolin, mais pour l'instant il n'y a pas d'éléments qui le prouveraient de manière définitive.

Mais oui, les zoonoses sont des dangers majeurs (on en a la preuve flagrante). Ca ne date pas d'aujourd'hui (la peste était une zoonose), mais c'est effectivement la réduction des territoires de la faune sauvage qui nous mettent davantage en contact avec ces virus, directement ou indirectement.

https://www.who.int/topics/plague/fr/

C'était prévisible, et c'était aussi prévu. Bill Gates l'avait annoncé en 2015, mais des scientifiques avaient lancé des avertissements longtemps avant.

https://www.ted.com/talks/bill_gates_the_next_outbreak_we_re_not_ready


Un petit extrait d'une contribution de David Quammen (qui a écrit un bouquin sur les pandémies d'origine animale) dans le New-York Times le 28 janvier (je traduis à la volée pour les non anglophones) :

"Les circonstances actuelles comprennent aussi 7,6 milliards d'humains affamés : certains d'entre eux étant dans la pauvreté et prêts à tout pour des protéines; d'autres riches et gaspilleurs et qui ont le pouvoir de voyager n'importe où par avion. Ces facteurs sont sans précédent sur la planète Terre: nous savons grâce aux fossiles, par l'absence de preuves, qu'aucun gros animal n'a jamais été aussi abondant que les humains le sont aujourd'hui, sans parler de son efficacité à s'approprier des ressources. Et une conséquence de cette abondance, de ce pouvoir, et les nuisances écologiques qui en découlent, c'est l'accroissement des échanges viraux - d'abord de l'animal à l'humain, puis de l'humain à l'humain, parfois à l'échelle pandémique.
Nous envahissons les forêts tropicales et autres régions sauvages, qui hébergent tellement d'espèces d'animaux et de plantes - et parmi ces créatures, tellement de virus inconnus. Nous coupons les arbres; nous tuons les animaux ou les mettons en cages et les envoyons sur des marchés. Nous perturbons les écosystèmes et nous faisons sortir les virus de leurs hôtes naturels. Lorsque cela se produit, ils ont besoin d'un nouvel hôte. Souvent, c'est nous."

Le texte original (beaucoup plus long) est là : https://www.nytimes.com/2020/01/28/opinion/coronavirus-china.html

Dariale 06 mai 2020 à 17:45  •   40847

Héhé.
Merci Merlin pour les infos ! :)

Bill Gates m' a fait rire avec son bidon de survie anti-attaque nucléaire. Le début de sa présentation ressemble à la démonstration du Merlin de Disney (un modeste homonyme I guess). Dans son duel avec Mme Mim, il se transforme en microbe et elle en dragon (le suspens est mortel :D. Et le microbe gagne)*.

Je partage le constat que tu cites de D. Quammen (d'ailleurs, merci l'article est super intéressant), mais je me pose la question de ce qu'il est possible de faire concrètement.

J'ai l'impression que Bill Gates se concentre sur ce qu'il est possible de faire une fois que l'épidémie est déclarée (comité de surveillance capable de se mobiliser rapidement dès qu'une maladie commence à s'étendre quelque part, personnel de santé formé, traitement/matériel/outils de diagnostic, etc.).
Pour ma part, j'aimerais savoir s'il y a quelque chose qu'on peut faire en amont, pour limiter le risque d'apparition de ce type de maladie.

Je veux dire concrètement quand on est une personne lambda comme moi... est-ce qu'il y a quelque chose à faire ?

Sachant que je n'ai pas beaucoup de poids pour faire diminuer le commerce d'animaux sauvages et surtout que, visiblement, la proximité entre zones de vie humaine et zones de vie sauvage semble bien davantage responsable que ce type de maladie que le commerce...
(J'imagine que, face à ces données, l'un des personnages intelligents qui dirigent le monde - quelqu'un comme Trump par exemple - pourrait décider que la solution est d'exterminer toute forme de vie sauvage - je vois d'ici le tweet... - mais j'espère sincèrement qu'ils n'y penseront pas).


PS : *@Merlin : j'ai vaguement le sentiment que tu m'envoies des références solides et que je te réponds avec des dessins animés... mais ce n'est probablement qu'une impression ^^

Merlinle 06 mai 2020 à 18:02  •   40848

@Daria J'apprécie quand même la référence ;)

Oui, une personne lambda peut faire quelque chose, sans forcément s'engager dans une structure militante. On peut voter, bien sûr. Ceux qui veulent continuer à bousiller la planète, on les connaît, il suffit de regarder les programmes politiques. On peut toujours espérer qu'un jour ou l'autre il y aura assez de gens pour voter dans le bon sens et changer tout ça.

On peut aussi consommer ce qui ne va pas nuire à l'environnement, ou à minima faire de son mieux pour éviter les produits nuisibles. Il y a des apps sur smartphone qui renseignent sur les produits de consommation courante (genre buyornot https://buyornot.org/) Préférer des produits bio qui ne viennent pas de l'industrie agroalimentaire, voir s'il n'y a pas des alternatives éco-friendly à chaque produit qu'on envisage d'acheter...

On peut également acheter sa nourriture au plus près de chez soi, même quand on habite dans une grande ville : il y a souvent des circuits court de distribution plus ou moins en direct avec les producteurs (voir par exemple les AMAP http://www.reseau-amap.org/ mais il y en a d'autres, en fonction des régions). On peut éviter de changer son électroménager quand on peut le faire réparer (ou le réparer soi-même). Faire durer, c'est pas évident dans une société d'obsolescence programmée (assistée par la mode et la pub), mais c'est dans cette direction qu'il faut aller aussi, me semble-t-il.

J'avoue, je ne fais pas tout ça tout le temps, une partie seulement. Mais j'essaie. Et je progresse (j'espère).

Dariale 06 mai 2020 à 18:03  •   40849

Et pour ce qu'il convient de faire une fois l'épidémie déclarée, c'est difficile de ne pas être d'accord avec Bill Gates. Sauf pour la partie de sa solution qui mise sur la technologie. J'ai le sentiment que le serpent se mord la queue là. Pour prendre un exemple : on creuse des mines pour extraire des terres rares dans des endroits jusque-là sauvages en Afrique (pour créer les Smartphones par ex). On favorise ainsi l'apparition d'épidémies chez les mineurs qui vivent sur place, et une fois que la maladie s'est répandue on compte sur les Smartphones pour informer le public en temps réel des consignes à appliquer pour freiner sa propagation... il me semble qu'il y a un léger bug dans l'enchaînement de ses idées là. La ligne a dû être coupée quelque part ^^

Merlinle 06 mai 2020 à 18:37  •   40850

En fait ce qui m'a intéressé dans ce Ted Talk c'est davantage l'aspect prévision de la catastrophe. Pour les solutions, Bill Gates n'est sûrement pas le mieux placé, malgré toutes ses oeuvres caritatives. C'est quand même un milliardaire de la techno, plutôt libéral-libertarien à tendance sociale, ce n'est pas lui qui va révolutionner la manière dont l'humanité se comporte :)

Dariale 06 mai 2020 à 19:03  •   40851

@Merlin : merci pour la réponse.
Comme toi, mais pas vraiment pour des raisons de maladie (en tout cas pas jusqu'à ton post :), j'essaye de limiter mon impact sur la nature.
(Enfin, pour la réparation de l'électroménager, il s'est avéré que je suis meilleure pour démonter que remonter, du coup on m'a conseillé d'arrêter... 🙄 ).

Cela admis, je m'interroge tout de même sur l'efficacité de ces pratiques prises seules et, du coup, sur la possibilité d'autres formes d'action pour réduire (plus spécifiquement peut-être) les zoonoses évoquées...
Bref, s'il y en a d'autres idées (en sus de celles-ci), je suis preneuse :)

Dariale 06 mai 2020 à 19:05  •   40852

@Merlin. Ah oui, je te rejoins complétement pour Bill Gates et l'intérêt du Ted Talk :)

PS : et pour les références élitistes ^^:

voir la vidéo

Gwenouillele 24 juin 2020 à 21:41  •   42828

En gros comme on réduit l'espace naturel des animaux, bcp d'animaux qui vivaient dans la forêt n'étaient pas, en temps normal, en contact avec les humains. Mais en modifiant leur habitat naturel, on a perturbé leurs habitudes, ce qui fait qu'on se retrouve à cotoyer ajd des animaux qu'on ne côtoyait pas avant. Les maladies ne sont pas "apparues" dans cette théorie, elles ont tjr été là, seulement ces animaux-là tolèrent ces maladies et vivent avec, et pas nous...
Par ex pb avec les chauves souris, elles côtoient les fermiers et défèquent dans les élevages de porc, puis tu finis par bouffer du porc, etc etc etc...

de manière général, si tu veux faire qqch, je dirais qu'il faut apprendre à moins consommer. Et moins consommer, ça va par ex de moins de séries en streaming à moins d'achats d'habits, en passant par moins manger, moins voyager, etc...

Lounale 26 juin 2020 à 18:14  •   42913

Bonsoir,
Je pense qu'on ne devrait pas se dire que notre échelle est une petite échelle, si toi + lui + moi .... changeons nos manières de consommer le résultat sera là. Alors oui, ça prendra peut-être plus de temps que si tout le monde s'y mettait en même temps et à la même échelle, mais les petits changements forment les plus grands pas..

Après, peut-être qu'une solution quand une épidémie se déclare en tant que lambda serait d'engager nos responsabilités. Pour exemple, pendant le confinement j'en ai vu aller faire leur course tous les 2 jours et pour acheter des trucs loin d'être indispensables.. et dés que le déconfinement s'est fait c'est comme si il ne s'était jamais rien passé... c'est affligeant. Ces comportements sont irresponsables et j'ai l'impression qu'ils résultent de la société de sur-consommation dans laquelle on vit.
Changer nos habitudes seraient surement un vrai + si nous sommes de nouveau confronter à ce genre de crise, enfin je devrais plutôt dire "quand" au lieu de "si"

Merlinle 26 juin 2020 à 20:38  •   42922

Bonsoir,

Je me permets de rebondir sur ce que vient de dire @Louna.

L'action individuelle est importante, mais croire qu'en les additionnant on arrivera à avoir un impact suffisant fait aussi partie des arguments utilisés par le libéralisme pour noyer le poisson. Parce que même si on se mettait tous à vraiment faire des efforts (manger moins de viande, consommer responsable, économiser l'énergie, laisser tomber les voyages lointains...) ça serait loin d'être suffisant. Une grande partie de l'impact écologique de l'humanité sur la planète est systémique, ce qui signifie que pour le changer, il est nécessaire d'en changer la gouvernance. Prenons par exemple la manière dont nous produisons, l'industrie agro-alimentaire et tout ça : elle peut nous sortir du bio et même du vegan avec des ingrédients "responsables" tout en ayant elle-même un impact toujours aussi nocif parce que ses méthodes de production n'auront pas changé, et ça, le consommateur ne le verra pas.

Nous ne sommes pas que des consommateurs (heureusement), même si les libéraux-capitalistes voudraient nous faire croire que nous le sommes. Nous sommes aussi des citoyens, des électeurs, et seules des décisions politiques nous sortiront de l'ornière. Si on y arrive à temps.

Je ne dis pas qu'il n'est pas important d'entreprendre un cheminement personnel de décroissance et de "déconsommation". Je l'ai entrepris, je ne le ferais pas si je pensais que ça ne sert à rien du tout. Mais ça ne sera jamais suffisant pour infléchir la tendance globale. C'est un bon moyen de "contamination positive" des idées, c'est aussi très valorisant vis-à-vis de soi-même, ça nous rend plus résilients pour quand le vrai changement arrivera (que ce soit par un changement de politique ou par un effondrement du système). Mais ce n'est pas ça qui sauvera la planète. Malheureusement.

Pour alimenter la réflexion :

http://www.slate.fr/story/167444/changement-climatique-responsabilite-individus-entreprises

https://www.nouvelobs.com/planete/20190629.OBS15125/avec-des-efforts-vous-ne-reduirez-vos-emissions-de-co2-que-de-25-mais-gardez-espoir.html
(bon, c'est un article payant, j'en mets juste un extrait pour ceux qui n'ont pas les moyens) :
Seule une « mutation profonde » de notre système économique - de nos infrastructures, de nos équipements, de notre mix énergétique - pourra permettre de réduire l'empreinte carbone de la France par six dans les trente prochaines années. Les investissements, pour remplacer les véhicules thermiques et les chaudières au gaz ou au fioul par exemple, sont l'horizon indépassable de la transition énergétique : c'est à l'Etat, par la rénovation et son rôle de régulateur macroéconomique, et aux entreprises « d'investir massivement pour transformer le système sociotechnique ».

Je vous recommande également (si vous lisez l'anglais ou le finnois) la thèse de doctorat de Lewis Akenji, de l'université d'Helsinki, qui recommande de ne pas "transformer le consommateur en bouc émissaire".
Il explique de manière très détaillée que croire "qu'une masse critique de consommateurs informés et avec une conscience écologique puissent, au travers des mécanismes du marché, faire pression sur les producteurs et ainsi transformer le système économique en système soutenable" serait "une approche pilotée par un raisonnement économiste à la fois simpliste et défectueux ".
La thèse peut se télécharger à partir de cette page :
https://helda.helsinki.fi/handle/10138/303978

Lounale 26 juin 2020 à 22:33  •   42926

Bonsoir @Merlin je suis d'accord avec toi, je n'en ai pas parlé dans mon commentaire car pour moi on est encore loin de l'idée d'un gouvernement plus responsable , mais c'est surement à cause de mon environnement familial. Donc je répondais juste à l'échelle de la vie quotidienne parce que je pense quand même qu'on puisse faire une différence, en tout cas je l'ai constaté, bien sur je vis dans un coin où l'on vit "à la cool" c'est peut-être pour ça que je vois des changements assez flagrants.
Il est vrai que l'impact sera plus important quand les grands patrons feront leur part. Merci pour le partage de la thèse!


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