Il y a quelques années, j'ai entamé un voyage initiatique dans un Ashram en Inde et cela a été l'occasion de mener une grande réflexion sur moi-même et le sens de mes rencontres, au delà de la magie que représente le dépaysement total.
Je songe y repartir. Je suis à l'écoute de recommandations si vous y êtes allés récemment.
Hello 🙂
Tu envisages de voyager en Inde du Sud, du côté de Pondichéry, par exemple ?
Hello, Toutes les options restent ouvertes et je me renseigne 🙂 Sans conseil je choisirai plutôt l'Inde du sud effectivement. Bangalore ou Kerala. Tu as été à Pondichéry ?
Bon, je ne suis sans doute pas la mieux placée pour te conseiller sur les ashrams. Toutefois, je crois savoir qu'il y en a davantage en Inde du Sud que dans le Nord.
Je suis pour ma part partie en Inde du Sud durant un mois, quelques années avant la crise sanitaire, du Kerala vers Pondichéry. Ce fut une expérience extra-ordinaire à plusieurs titres.
J'ai fait un crochet à Auroville et ai visité un Ashram à Pondichéry à l'occasion d'une cérémonie en y ressortant par la caisse, dans une boutique où il y avait des portraits de La Mère partout 😱, mais en silence, avec un livre de Sri Aurobindo sous le bras. 😅
Sinon, j'étais accompagnée d'un guide sik durant tout mon voyage, qui ne s'est pas contenté de simplement effectuer des visites parsemées de vagues explications. Nous avons eu cette chance que fut celle d'échanger, partager, philosopher, débattre (nous étions d'ailleurs rarement seuls !). Il m'a expliqué aussi comment coupler les aliments entre eux afin d'éviter certains désagréments dus aux épices ou à la fraîcheur de certains produits (dans les villages les plus reculés), m'a emmenée dans des lieux improbables que lui seul connaissait, me faisait goûter des plantes, comme les feuilles d'un arbre qui font office de dentifrice et dont j'ai oublié le nom, d'autres qui permettent de saliver lorsque l'on manque d'eau ou encore une autre permettant de lutter contre des affections telle que la varicelle.
Bref, il y aurait énormément à dire et à décrire, tout comme toi, j'imagine. 🙂
Une aventure humaine, esthétique, qui te gifle aussi en plein visage.
Très intéressant. Merci @Farandole pour ton témoignage... Je cherche le smiley "Namasté" avec les deux mains accolées l'une contre l'autre comme pour une prière mais je ne le trouve pas.
Je n'ai pas voyagé comme toi dans l'Inde profonde. C'était un voyage initiatique qui répondait à un besoin d'un grand ménage dans ma vie, à une époque où je me sentais (et j'étais) très vulnérable. J'avais perdu goût à beaucoup de choses alors que tout sur le papier me réussissait. La grande faucheuse est même venue me rendre visite tant je ne prenais plus soin de mon corps. J'avais la sensation d'être entre deux mondes avec un énorme besoin d'avoir des réponses et de regonfler ou de dégonfler mon ego, sans me disperser, sans me mettre de pression comme je pouvais le faire dans le passé. La vie en Ashram m'a permis de rencontrer un sage, un individu qu'on ne trouve plus en occident trop ancré dans le matériel, un gourou qui a fait office de thérapeute bienveillant animé non pas par l'envie d'avoir raison mais l'envie de me guider. Une autre façon de penser tout en m'interrogeant et lever des doutes sur moi-même. Egalement à avoir un autre regard sur la vie... et à retrouver un regard amusé et détaché. Je suis désolé si tout ceci est très abstrait mais en écrivant, je me rends compte qu'il y a encore beaucoup de pudeur en moi sur cet épisode de ma vie. Je retiens de ce voyage, l'enseignement et un environnement particulier avec des participants de tous horizons avec des vécus différents mais, j'ai l'impression, cette même aspiration à prendre du recul sur les événements douloureux de la vie.
Dix ans après je m'interroge, revenir en Ashram ou faire comme toi un autre type de voyage plus proche du quotidien... ou les deux.
No más thé, je suis plutôt café ! 😄
C'est moi qui te remercie pour ton témoignage et je ne peux que me réjouir que le plus dur soit désormais derrière toi. Tout voyage est une rencontre pour les Autres mais aussi pour soi. Et il est des périples qui ne se font que lorsque l'on se sent suffisamment solides physiquement et psychologiquement pour encaisser. Je ne te parlerai pas de la misère, de la désolation mais plutôt du regard que l'on porte sur elle et sur soi quand elle nous fait face.
C'est compliqué d'évoquer la misère car le seul fait de l'énoncer signifie que l'on ne la connaît pas. Eux, ne connaissent que leur quotidien où le bonheur pourtant n'est jamais absent. Leurs regards ont cette flamme dans laquelle se reflète l'humanité toute entière et que bon nombre, pourtant tout autour de nous, ont perdu, où rien d'autre que le vide ou la défiance brille dans leurs yeux.
Excepté à Pondichéry, aucune route n'est goudronnée. On songe alors que la misère est là parce qu'on ne connaît que les routes mais c'est toujours plus loin encore qu'elle nous surprend : au détour d'un village où tous les enfants sont nus et jouent avec de simples morceaux de bois, où les espaces sont si désolés que les vaches ruminent des sacs plastiques, les reins efflanqués. Parfois, l'une d'elle fait l'objet d'une traite pour espérer nourrir une famille.
Beaucoup n'ont jamais vus d'occidentaux, ni de cheveux blonds : plus la peau est claire, plus cela est synonyme de caste élevée. Les yeux bleus sont généralement associés aux divinités. On leur a appris à saluer les occidentaux, à leur sourire mais pas à leur parler. Certains peuvent demander de payer pour prendre quelques clichés, d'autres se terrent chez eux, fuyant le contact, surtout dans les petits villages.
Seuls les enfants crient, rient et courent.
On s'en veut d'être ce que l'on est, ce que l'on exècre à incarner tout en se sentant coupables d'assister à cela. On ne souhaite pas donner, tel un sauveur du dimanche en faisant pleuvoir des crayons de toutes les couleurs, on hurle silencieusement de notre incapacité réelle à pouvoir aider.
On se sent misérable comme on ne l'a jamais été.
Je me souviens d'une halte que j'avais faite du côté de Nagapattinam sur une plage où il m'a été donné de voir le plus beau et étrange lever de soleil de mon existence mais également les dégâts occasionnés par la pêche au filet notamment sur les tortues de mer et les poissons-globe (emprisonnés dans les filets et rejetés quotidiennement par les pêcheurs sur le sable).
Tous les jours, un pêcheur venait me voir pour me demander des échantillons d'hôtel dont j'étais dépourvue, m'expliquant que c'était le seul moyen pour toute sa famille de pourvoir à leur hygiène et qu'ils ne pouvaient pas ne plus pêcher ou de manière différente. A défaut, il ne pouvait pas nourrir sa famille, que c'était compliqué pour lui de devoir demander de l'aide auprès des étrangers. Il n'avait tout bonnement pas le choix. Tout son village, tous les membres de chaque village étaient dans cette situation.
Pourtant, l'Inde du Sud a une plus forte conscience écologique que dans le Nord, les pêches sont réglementées. Mais quels règlements peuvent contrer la pauvreté et la famine ?
Bon, pas glop tout cela.
Tout cela pour dire qu'on n'est jamais vraiment préparé pour un tel voyage.
Et qu'il ne faut pas me remercier. 🙁
Namascafé crême ou noir ? 🙂
La gratitude, un autre enseignement inconscient que j'ai reçu de ce gouru qui se montrait parfois un brin provocateur. Dans son anglais si particulier - je pourrais presque l'imiter - il me disait à propos d'une douleur passée et de la personne qui l'avait enclenchée : "You should thank that person for that pain. She opened your eyes and it's priceless". J'ai souri. Il mettait l'accent sur quelque chose que nous oublions. Toute expérience, toute rencontre nous apprend quelque chose. Les plus douloureuses sur nous-mêmes. Qu'est-ce qui s'enclence lors de cette douleur? Et pourquoi?
Si telle est ta volonté, je ne remercierai pas pour ce nouveau témoignage car je ne veux pas te mettre mal à l'aise mais je l'ai trouvé très instructif. Ta phrase "évoquer la misère car le seul fait de l'énoncer signifie que l'on ne la connaît pas" est d'une grande justesse.
Je ne suis pas spéciste. 😇
A noter que je n'ai jamais réussi à préparer le thé noir comme ceux que j'ai pu boire là-bas pas davantage qu'il m'a été donné de retrouver les saveurs des beignets de bananes ou du pudding ( quelle tuerie ! 🤩 ).
Idem pour mon guide qui était mon copain de cheveux - excepté qu'il était hors compétition ! 😅 - ou l'art transmis de leur hydratation au bain d'huile, jamais je n'oublierai sa façon de parler, ses facéties et son caractère bien trempé.
Je ne suis pas spécialement branchée gourous, avec ou sans Ô, privilégiant l'empirisme à toute connaissance, laquelle ne vient que la parfaire, à mes yeux, dans la recherche d'un équilibre, d'une justesse.
J'aime beaucoup l'idée de voyager léger, sans emporter trop de bagages avec soi.
Même si cela peut sembler surprenant de prime abord, il y a une beauté inouïe dans chaque douleur. Des tragédies intiment belles mais également des beautés infiniment douloureuses dans toute la fragilité de leur condition.
C'est de leur rencontre que naît, il me semble, la joie et sans doute, non moins paradoxalement encore, la peur du lâcher-prise.
Je songe plus précisément à la mort et à ses confins où les joies, là aussi, peuvent s'entrechoquer puis se confondre. Ton témoignage m'a fait songer à cela.
Et c'est sans doute ce qui fascine tout autant que cela peut foutre les jetons.
Le retour vers l'enfance, insouciance sérieuse sérieusement insouciante, permet d'oublier et de se souvenir et donc, de laisser pleinement émerger la joie, librement, sans que l'on l'enferre. Plus facile à dire qu'à faire néanmoins lorsqu'il est question des interactions interpersonnelles.
En somme, le substrat de notre rapport à la liberté et à la contrainte. 😉
Le confort pouvant s'apparenter aux deux, fonction du point de vue duquel l'on se place.
Tiens et si je me refaisais un café ? 😄
Tu viens de me donner l'eau à la bouche. J'étais en train de savourer mes tomates farcies du midi et à la lecture de ton post, j'ai imaginé pendant un cours instant qu'elles avaient les saveurs épicées de l'inde. Je suppose que ton thé noir indien avait cette saveur toute particulière que je décrirais comme "fauve" (oui c'est bizarre comme saveur). C'est ainsi que je l'ai découvert là bas. Dans le grand commerce, en occident, il est beaucoup plus insipide. A Paris, dans le passage Brady - le quartien indien, on peut en trouver comme bien d'autres merveilles.
Tu as entièrement raison. Nous devons rester maître de notre apprentissage. Et cela passe avant tout par soi-même. Et puis surtout, confier ses choix de vie aux mains d'une autre personne, gourou ou pas, c'est dangereux. Le risque d'emprise... et de perte de libre arbitre 😉 Je n'étais moi-même pas un fan des gourous. J'en avais une vision négative et même amusé avec pour fond de toile dans ma mémoire, un sketch des inconnus : "Skippy". Mais ce regard extérieur, celui d'une personne ayant une expérience des interactions humaines, m'a permis de comprendre plus rapidement le sens des événements qui s'imposaient à moi dans une période de ma vie où j'en avais besoin.
Ah la mort... la pauvre. J'ai pitié pour elle. Qu'est-ce que j'ai pu l'enrager. Elle est venue à plusieurs reprises me rendre visite. Je lui ai posé un lapin. Je l'ai séduite et je me suis même battue avec elle. J'ai gagné Ok mais j'ai triché... j'avoue. J'ai cumulé un appel à un ami et 50/50 à son insu. 😄
Si tu apprécies la légèreté et la thématique de la mort que l'instinct de survie nous pousse à fuir, à accepter ou à l'affronter, je te conseille "Le Chat Potté 2". Et non mon conseil n'est pas une mauvaise blague mais une recommandation sincère. C'est truffé de références, d'humour et de lectures sur plusieurs plans, ce que j'apprécie dans une oeuvre de l'esprit.
Les tomates farcies goût "fauve" donneraient donc un appétit carnassier ? 😅
Placer sa vie entre les mains d'autrui serait à mon sens tout aussi absurde que de vouloir la remiser. Nul besoin d'en appeler au libre-arbitre ou encore à l'emprise.
Redouter l'emprise, au même titre que celle de la liberté de l'action, ne signe-t-il pas un constat d'échec ou du moins le début d'un aveu ?
Aprés, il existe une différence entre se jeter dans la gueule du loup, le fuir, l'affronter ou ne pas voir qu'il porte un masque.
Pour le reste, Jean-Pierre, je n'ai pas dit mon dernier mot :
N'as-tu pas avancé que quand le Loup phoque, la Mort : fuck ?
Aussi, sans pour autant affectionner l'association entre légèreté et Grande Faux, le Chat Potté n'en est pas moins une jolie référence.
Eh bien, tu es presque dans le juste car ce n'est pas un thé fauve mais un vrai fauve, un petit carnassier et non pas un appétit carnassier, qui a accompagné, les babines alléchées, lors de mon repas de tomates farcies... Il ne s'agissait pas du chat potté en personne mais de mon chat noir, une vieille relique de ma vie antérieure quand j'étais une sorcière travestie en prince charmant. Ce chat n'est manifestement pas aussi doué que le chat potté. J'ai beau essayé de l'entrainer à l'escrime mais il ne veut rien entendre. En même temps je parle si mal espagnol : "Tou né vé pas m'affronter au fleuret mi gatito ?".
Nous sommes de si petites choses et je me sens particulièrement petit à cet instant précis car je ne sais quoi répondre à tes interrogations sur le constat d'échec ou le début d'aveu que pourrrait représenter la peur de l'emprise, au même titre que celle de la liberté de l'action,. Je n'ai jamais réfléchi à ces questions. Ou alors j'ai peur de m'enfermer dans une réponse à deux euros qui ne reflèterait pas toute la complexité de la question posée. Bref je ne sais pas 😜 La nuit portera conseil.
Mort : fuck... pas mal pas mal. Mon loup phoque n'est pas resté dans une oubliette. Je pourrais presque répondre en "morse" : "Oh t'as ri" ! A faire un autre jeu de mot, j'aurais plutôt écrit Amour Fuck et Mort Fée. Eros et Thanatos, histoire de rester dans le thème du Loup du chat potté.
😄
Le sérieux n'est jamais bien loin, tu sais, et les migraines que j'inflige, assez régulièrement, ne le sont guère également. 😅
Merci pour le morceau !
Pour Éros & Thanatos, ne retenons de Bataille que ses larmes. 🤘
Allez, je cesse de plaisanter si sérieusement, libèrant ainsi ton futur journal de bord ! 😋
Mes amitiés à ton sorcier d'escrimeur.
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